Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Le prix moyen du lait de chèvre a connu une nouvelle progression au 1er trimestre, sous l’effet de la hausse du prix de base. En revanche, l’amélioration de la composition s’estompe, après une année de forte progression.

Hausse du prix de base du lait de chèvre

Le prix de base du lait de chèvre s’est établi à 664 € les 1 000 litres au 1er trimestre 2020 en moyenne nationale, soit une progression de près de 17€ d’une année sur l’autre (+2,6% /2019). Après une année marquée par une relative tension du marché (pendant laquelle l’industrie a eu des difficultés d’approvisionnement) et grâce aux partenariats mis en place dans le cadre de la loi EGAlim, certains transformateurs ont fait évoluer leurs grilles en faveur des éleveurs. Par exemple, Agrial (leader du marché de fromage de chèvre, avec 30% des volumes commercialisés) a signé des accords avec Intermarché, Netto et Lidl sur la base d’un  prix de base du lait payé aux producteurs à 749 €/1 000 litres.

Au 1er trimestre, c’est dans le bassin du Sud-Est que le prix de base est le plus élevé, à 731 €/1 000 litres,  soit +5,1% /2019, suivi du Centre, 678 €/1 000 litres, soit +2,3%/2019. Les bassins du Sud-Ouest et du Centre-Ouest suivent de près, à respectivement 667 € et 650 €/1 000 litres (soit +2,3% et +1,7%).

Ralentissement de la hausse des taux

Après une année de nette progression, l’amélioration de la composition du lait de chèvre s’est estompée en ce début d’année 2020, par un effet de « dilution » des rendements laitiers. En effet, grâce à des conditions automnales optimales pour le démarrage des lactations, la collecte laitière est repartie de plus belle au premier trimestre, ce qui a impacté négativement la composition du lait.

Le taux butyreux national s’est érodé tout au long du premier trimestre; à 42,1 g/litre de moyenne nationale, soit une chute de -0,4 g (-1% /2019). Cette dégradation a été le plus marquée dans le Sud-Ouest (-0,6 g/l), et n’a que partiellement concerné le Sud-Est, où l’importante progression de janvier a considérablement boostée la moyenne trimestrielle. Le taux protéique est resté globalement stable, à 35,8 g/litre de moyenne sur le 1er trimestre, une stabilité observée partout en France.

Progression des prix moyens

Dans ce contexte, et malgré le ralentissement de l’amélioration de la composition, le prix moyen à la production du lait de chèvre a connu une progression importante au premier trimestre. A 757 €/1 000 litres au 1er trimestre (+2% / 2019), la moyenne nationale s’est positionnée 15 € au-dessus du niveau de 2019 et près de 19 € au-dessus de celui de 2017.

D’après l’enquête prix du lait menée par l’Institut de l’Élevage, sans surprise, le prix moyen plus élevé se trouve dans la région Sud-Est (814 €/1 000 litres, soit +1,7% /2019), suivi du Centre (796 €/1 000 litres, soit +1,7% /2019), où la proportion des fromages sous AOP est plus importante. Mais c’est dans le Centre-Ouest où le prix moyen a davantage progressé (742 €/1 000 litres, soit +2,1% /2019)

Les charges en élevages en hausse au 1er trimestre

L’évolution des charges en élevage caprin s’est poursuivie au 1er trimestre 2020. Après plusieurs mois en forte progression, l’IPAMPA, qui permet de suivre l’évolution du prix des moyens de production agricole, a connu une détente en mars, en lien avec l’effondrement du cours du pétrole. Néanmoins, à près de 104,5 en moyenne sur le 1er trimestre, il a grimpé de +0,5% d’une année sur l’autre.

L’évolution du prix chez nos voisins européens ralentit

La collecte, fortement relancée en France en ce début d’année, et le ralentissement de la demande nationale en fromages de chèvre se sont reflétés dans les prix pratiqués chez nos voisins européens. Alors qu’en 2019, la tension du marché avait fortement boosté les prix, le début d’année 2020 est marqué par une évolution moins forte, notamment en Espagne. Chez nos voisins d’outre-Pyrénées, qui comme la France entament la baisse saisonnière des prix, la moyenne au 1er trimestre a progressé de +7% /2019 (contre +13% au 4ème trimestre 2019). Aux Pays-Bas, mieux positionnés dans l’exportation vers les pays-tiers, l’évolution au premier trimestre est estimée à +9% /2019 (contre +12% au 4ème trimestre 2019).

Exprimé en €/kg de MSU afin de s’affranchir des différences de lait standard entre pays, le prix néerlandais a dépassé à nouveau le prix espagnol dès le mois de janvier. Au final, le prix du lait de chèvre en France au 1er trimestre, à 9,3 €/kg de MSU, a été supérieur de 9% au prix du lait espagnol (8,4 €/kg de MSU) et de 5% à celui de lait néerlandais (8,9 €/kg de MSU).

Alors que les stocks des transformateurs se reconstituent et dans un contexte de renationalisation de l’approvisionnement des laiteries, le prix du lait de chèvre chez nos voisins européens, dont les productions sont différemment positionnées, pourrait stagner courant 2020.