Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

Après un premier trimestre chargé dans les îles britanniques, les abattages semblent se calmer à l’image de la situation qui prévaut dans les autres pays européens depuis le début de l’année. Les prix remontent partout, sauf en Pologne, où le secteur reste convalescent après le scandale de fin janvier.

 

Cotation-VacheO-EtatsMembres-Mai2019

IRLANDE : fin de l’afflux de viande et remontée des cours

En Irlande, les abattages de bovins ont été particulièrement dynamiques au 1er trimestre (+8% /2018) en raison d’un cheptel étoffé et d’une anticipation de la fermeture du marché britannique en cas de Brexit dur, Brexit  finalement été reporté au plus tard le 31 octobre 2019. Le marché a donc été particulièrement lourd, d’autant plus que les opérateurs britanniques ont eux aussi anticipé des abattages par peur de ne pouvoir exporter sur l’Europe continentale à partir d’avril (les abattages de bovins étaient en hausse de 1% /2018 au 1er trimestre, alors que le cheptel était en baisse de 1% en décembre 2018).

Ceci a fait plonger les prix. Toutefois, depuis la mi-avril, les effectifs abattus en Irlande sont repassés sous leur niveau de 2018 (-2% sur les 4 dernières semaines connues), ce qui a permis aux cours de rebondir. Les prix à la production restent toutefois très inférieurs à ceux des 2 années précédentes. La cotation de la vache O a beau avoir regagné 17 centimes en 4 semaines, elle n’atteignait que 2,87 €/kg de carcasse fin avril (-16% /2018). Celle de la génisse R, à 3,86 €/kg, affichait toujours un recul de 7% par rapport à l’an dernier.

Par ailleurs, les manifestations d’éleveurs semblent avoir porté leurs fruits puisqu’un fond de 100 millions d’euros (50 millions de la Commission européenne et 50 millions de l’État irlandais) aurait été débloqué le 15 mai afin de compenser ces effets indirects du Brexit avant l’heure (voir l’article en anglais sur Agriland.ie).

Abattages hebdomadaires de bovins en Irlande

ALLEMAGNE : offre en baisse et prix du porc dopent les cours des vaches

En Allemagne, le ralentissement des réformes se confirme. Sur les 5 semaines finissant le 5 mai, les abattages de vaches étaient en retrait de 6% par rapport à 2018, Soit -5% sur les 18 premières semaines de l’année.

Les prix se sont donc bien redressés depuis le début de l’année et la remontée s’est même accélérée en avril. La cotation allemande de la vache O a gagné 19 centimes en 4 semaines pour remonter à 3,05 €/kg de carcasse début mai, un niveau intermédiaire entre celui des deux années précédentes (-2% /2018 ; +4% /2017). La forte hausse des cours du porc, qui a progressé de 5% en 4 semaines, a sans doute contribué également au redressement des cours des vaches, les deux viandes étant fréquemment mélangées dans les produits transformés, leurs proportions pouvant varier.

PAYS-BAS : retour à la normale

Les abattages de gros bovins aux Pays-Bas ont retrouvé des niveaux normaux, après 2 ans d’abattages massifs imposés par la mise aux normes environnementales concernant les émissions de phosphates. Ainsi les abattages de gros bovins ont été en forte baisse sur les 16 premières semaines de l’année (-21% /2018 et -42% /2017) pour retrouver un niveau proche de celui de l’année 2016.

Abattages hebdomadaires de gros bovins aux Pays-Bas

POLOGNE : marché convalescent

En Pologne, les prix des vaches ne remontent pas, contrairement aux dynamiques à l’œuvre dans les autres pays. L’image de la viande polonaise a été mise à mal fin janvier par le scandale de la viande commercialisée issue de vaches malades. D’une part, les opérateurs doivent miser de nouveau sur le critère prix pour exporter. D’autre part, le retard pris dans les abattages en février, lorsque la demande était au point mort, pèse sur le marché.

La cotation de la vache O a encore perdu 1 centime sur les 4 dernières semaines pour tomber à 2,63 €/kg de carcasse début mai (-11% /2018 et -4% /2017).

Cotation vache O Pologne