Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 329 Juin 2021 Mise en ligne le 15/06/2021

Lait de chèvre et viande

La revalorisation du lait de chèvre se poursuit, avec une collecte baissière

Malgré une collecte baissière en France et le repli des importations, les fabrications de fromages de chèvre se sont bien maintenues, au détriment de la reconstitution des stocks de produits de report. Les disponibilités se tendent légèrement, alors que la demande des ménages tire le marché.

Dans ce contexte, le prix moyen du lait de chèvre a évolué favorablement en France au 1er trimestre, sous l’effet de la hausse du prix de base et de la nette amélioration de sa composition. Cependant, les éleveurs doivent faire face à des hausses de prix des charges supérieures.

Sommaire du numéro 329
Lait de chèvre et viande

+4% /2020, c’est la hausse du prix du lait de chèvre payé au 1er trimestre 2021,

qui s’établit à 789 €/1 000 litres.

Lait de chèvre et viande » Lait de chèvre »

Un marché domestique dynamique

Malgré une collecte baissière en France et le repli des importations, les fabrications de fromages de chèvre se sont bien tenues, au détriment de la reconstitution des stocks de produits de report. Les disponibilités se tendent légèrement alors que la demande des ménages tire le marché.

Une collecte à la baisse

Collecte_chèvre_juin2021

A 106 millions de litres fin mars, la collecte cumulée au 1er trimestre de lait de chèvre a baissé de -2% par rapport à 2020 (-1% après neutralisation de l’effet année bissextile), soit près de -2 millions de litres. La mauvaise qualité des fourrages distribués en début d’année a freiné les performances zootechniques des chèvres. Par ailleurs, ce repli est accentué en cette période de hausse saisonnière de la collecte par l’allongement des lactations, et en conséquence la diminution de mises bas.

La baisse de collecte dans l’Hexagone a été plus importante dans le Centre-Val de Loire, où 9,8 millions de litres ont été collectés depuis le début de l’année, soit 7% de moins qu’au 1er trimestre 2020. La Nouvelle-Aquitaine, principal bassin de production de lait de chèvre avec 45% des volumes, enregistre une évolution semblable, avec un peu moins de 47 millions de litres livrés à l’industrie, soit -4% /2020. Dans les bassins de production plus récents, comme les Pays-de-la-Loire ou l’Occitanie, la collecte a été stable (avec 20 et 14 millions de litres collectés respectivement).

Les importations toujours en baisse

Imports_chèvre_juin2021

Simultanément à la baisse de la collecte française, les importations de produits de report se sont encore repliées (-19% /2020 ;-3 millions de litres), à près de 12 millions de litres au 1er trimestre, une tendance amorcée il y a un an.

En effet, le bond de la collecte française et les difficultés logistiques rencontrées par les transformateurs pour absorber cette ressource avaient déjà limité les importations en 2020 (ce qui s’est traduit par un net repli de la collecte espagnole de lait de chèvre et des prix à la production). Face à une collecte nationale en hausse et à une demande dynamique des ménages, les transformateurs se sont trouvés dans l’impossibilité de reconstituer les stocks de produits de report pendant les huit premiers mois de l’année, une conjoncture qui a joué à la faveur de la revalorisation du lait de chèvre français. Ainsi, les disponibilités nationales et la demande en fromages au lait de chèvre dans le marché domestique ont guidé l’approvisionnement industriel.

Dans ce contexte, la renationalisation de la fourniture du marché, un phénomène amorcé en 2018, s’est poursuivie. Le repli des importations de produits de report caprins pourrait se prolonger dans les mois à venir, dans ce nouvel équilibre du marché.

Les fabrications de fromages stables et ciblées tant bien que mal, pour un marché domestique dynamique

Fabrications_chèvre_juin2021

Malgré cet approvisionnement en berne (-4% /2020, à 118 millions de litres), les transformateurs ont maintenu leurs fabrications de fromages de chèvre à près de 24 000 tonnes au premier trimestre 2021. Après un net tassement des fabrications fromagères en janvier (-6% /2020, à 8 230 t), celles-ci ont repris une bonne dynamique en février (+2% /2020 après neutralisation de l’effet de l’année bissextile, soit 7 360 t), puis ont bondi en mars (+6% /2020, à 8 840 t).

En effet, les transformateurs privilégient aujourd’hui l’approvisionnement du marché intérieur dynamique aux exportations et à la reconstitution des stocks. Les achats des ménages ont bondi de près de +4% en volume  au 1er trimestre selon le panel IRI-CNIEL, malgré un prix moyen en hausse de 2% /2020. Les confinements de 2020 ont redynamisé les ventes de fromages de chèvre dans les rayons libre-service des GMS : de +7% en volume cumulé annuel mobile jusqu’en mars 2021.

En revanche, les exportations de fromages de chèvre ont souffert de la baisse des disponibilités. Elles sont demeurées ralenties depuis le printemps  2020, en recul de -7% au 1er trimestre 2021, à 5 540 t.

Lait de chèvre et viande » Prix du lait de chèvre »

La composition du lait de chèvre booste le prix du lait payé aux livreurs

Le prix moyen du lait de chèvre a évolué favorablement en France au 1er trimestre, sous l’effet de la hausse du prix de base et de la nette amélioration de sa composition. Cependant, les éleveurs doivent faire face à des hausses de prix des charges supérieures.

Hausse du prix de base du lait de chèvre

Le prix de base du lait de chèvre s’est établi à 683 € les 1 000 litres au 1er trimestre, soit une progression de 19 € d’une année sur l’autre (+3%). En effet, les transformateurs ont revalorisé le prix de base du lait français, dans un contexte de renationalisation de l’approvisionnement industriel et des stocks au plus bas et dans le sillage des négociations entamées dans le cadre de la loit EGAlim.

Le prix de base demeure le plus élevé dans le bassin du Sud-Est, à 748 €/1 000 litres au 1er trimestre, (+2,1% /2020), devant le Sud-Ouest, à 687 €/1 000 litres (+2,9% /2020). Suivent de près les bassins du Centre et du Centre-Ouest, à respectivement 685 € et 673 €/1 000 litres (soit +1,3% et +3,5%).

Amélioration de la composition du lait collecté

Après une année marquée par la fragile stabilité de la composition du lait de chèvre, celle-ci s’est nettement améliorée au 1er trimestre 2021.

Le taux butyreux s’est amélioré en janvier, mais cette belle lancée a été ralentie en février et mars. Au 1er trimestre, il se situe à 42,7 g /litre (moyenne nationale), soit +0,6 g/l en un an. Seul le bassin du Sud-Ouest enregistre un net recul du taux butyreux,  de -1,8 g/l (s’établissant à 39,2 g/l).

Le taux protéique a suivi la même évolution, et se situe à 36,7 g /litre en moyenne sur le 1er trimestre, soit +0,9 g/l /2020. Cette amélioration concerne tous les bassins de production en France.

Appréciation plus rapide du prix du lait payé aux livreurs

Prix_moyen_chèvre_juin2021

L’amélioration de la composition du lait collecté au 1er trimestre s’est traduite par une nette progression du prix moyen payé aux producteurs. A 789 €/1 000 litres au 1er trimestre (+4,3% /2020), la moyenne nationale se situe 32 € au-dessus du niveau de 2020 et près de 42 € au-dessus de celui de 2019.

D’après l’enquête prix du lait menée par l’Institut de l’Élevage, sans surprise, le prix moyen plus élevé se trouve dans la région Sud-Est (836 €/1 000 litres, soit +2,4% /2020), suivi du Centre (817 €/1 000 litres, soit +2,8% /2020), où la proportion des fromages sous AOP est plus importante. Mais c’est dans les bassins du Centre-Ouest et du Sud-Ouest où les prix moyens ont davantage progressé (à 742 €/1 000 litres, soit +5,1% /2019 et 776 €/1 000 litres, soit +3,5% /2020 respectivement).

Nette hausse du prix des charges en élevage au 1er trimestre

IPAMPA_chèvre_juin2021

Simultanément, la hausse des prix des charges en élevage caprin, amorcée au 4ème trimestre 2020, s’est poursuivie en ce début d’année, se situant à un niveau supérieur à celui connu l’an passé à pareille époque.

A l’indice 109,3 en moyenne au 1er trimestre (base 100 = 2015), l’IPAMPA s’est en effet positionné +6,1% au-dessus de son niveau de 2020, essentiellement du fait de la flambée  des prix de l’aliment acheté (+9% /T1 2020), poste qui représente 60% des coûts de production. A l’indice 104,4, la hausse de l’indice moyen sur les 12 derniers mois est cependant moins prononcée, égale à +1,3% d’une année sur l’autre (contre +3,7% pour le prix moyen).

 

 

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