Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

Sur les 8 premiers mois de l’année, les importations de viande bovine ont été en hausse marquée, soutenues par le manque de disponibilité en France et le retour en force de la RHD. Depuis le début de l’année, la consommation calculée par bilan s’est maintenue, mais avec une proportion de VBF en repli. L’inflation alimentaire, moindre qu’ailleurs en Europe, pèse cependant sur les volumes vendus au détail.

Les importations à nouveau en hausse en août

En août 2022, les importations françaises de viande bovine ont poursuivi leur progression sur un an d’après les Douanes françaises. Elles ont approché les 30 500 téc (+16% /2021 et +39% /2020). A nouveau, les exportations se situaient à un niveau intermédiaire entre les deux années précédentes à près de 19 000 téc (-5% /2021 et +24% /2020).

En cumul sur les huit premiers mois de 2022, le commerce extérieur français s’est intensifié. Les exportations françaises ont totalisé 154 000 téc (+3% /2021 ; +10% /2020 et +3% /2019). Les importations ont quant à elles approché les 239 000 téc (+25% /2021 ; +7% /2020 +7% /2019) dépassant désormais largement les niveaux d’avant pandémie. Cette progression est notamment liée à l’intensification du commerce avec le Royaume-Uni (import) et les Pays-Bas (import et export). Les importations françaises depuis le Royaume-Uni sur 8 mois ont atteint 33 000 téc (x2,5). Les exports français vers les Pays-Bas ont dépassé 28 000 téc (x2) depuis le début de l’année et les imports 58 000 téc (+21%). Plusieurs sources d’explication à ces phénomènes existent :

  • En lien avec le Brexit et le retour de procédures douanières, certains importateurs néerlandais choisissent dans un but de simplification de dédouaner en France les viandes britanniques avant leur réexportation vers les Pays-Bas.
  • Des imports de viandes depuis les Pays-Bas destinées à être transformées puis réexpédiées pour approvisionner une enseigne de fast-food.

La consommation par bilan stable sur huit mois

En août 2022, la consommation calculée par bilan a de nouveau progressé d’une année sur l’autre à 123 400 téc (+1% /2021, mais -4% /2020). En cumul sur huit mois, elle flirtait avec les 995 000 téc (= /2021 et 2020).

Avec une poursuite de la hausse des importations, leur part dans les disponibilités totales atteignait 26% en août 2022 et 25% en cumul sur les huit premiers mois de 2022 (contre seulement 22% en 2019, avant la pandémie).

Attention toutefois, les effets des éventuelles variations de stocks, importantes à certaines périodes, ne sont pas intégrés dans cette estimation et la lecture mensuelle ne doit pas être sur-interprétée !

Le chiffre d’affaires de la RHD en progression

Si les importations françaises sont en hausse, c’est notamment parce que les disponibilités en viande française sont limitées. Mais c’est aussi lié au retour en force de la consommation en RHD après plusieurs périodes de perturbation liées à la pandémie de Covid-19. En août 2022, le chiffre d’affaires de l’ensemble de la RHD en France dépassait les niveaux des deux années précédentes (avec des restrictions estivales modestes) et même l’avant pandémie (+19% /2021 ; +33% /2020 et +22% /2019). Si l’inflation affecte aujourd’hui également ce secteur comme la vente au détail, cette hausse du chiffre d’affaires témoigne du dynamisme du secteur très affecté par la pandémie de Covid-19. Le rebond est particulièrement marqué du côté de la restauration rapide (+17% /2021 ; +35% /2020 et +31% /2019) et de la restauration commerciale traditionnelle (+18% /2021 ; +27% /2020 et +19% /2019).

L’inflation alimentaire dans la zone euro reste supérieure à la France

D’après l’INSEE, l’indice général français des prix à la consommation harmonisé (IPCH) d’octobre 2022 était à nouveau en hausse (+7,1% sur un an, après le +6,2% de septembre). C’est notamment le cas de l’inflation sur les produits alimentaires (+12,9% /octobre 2021 après 10,6% en septembre) et sur les viandes de bœuf et de veau (+12,4% en octobre contre +11,4% en septembre).

L’inflation en France restait cependant inférieure à celle de la zone euro et de la plupart de ses membres. Le taux d’inflation à un an de cette dernière a de nouveau progressé en octobre 2022 à +10,7% /2021, contre +9,9% en septembre selon Eurostat.

D’après IRi, au détail, l’inflation dans les rayons « alimentaire et petit bazar » était encore en hausse en octobre dernier à +11,0% /2021, contre +9,1% en septembre et +7,9% en août. L’inflation des rayons produits frais non laitiers (dont les viandes réfrigérées) comme des surgelés (dont les viandes congelées) restaient plus forte encore (respectivement +12,1% et +15,6% /2021).

Parmi les 10 catégories de produits de grande consommation (PGC) les plus touchées par l’inflation, les viandes hachées surgelées figuraient à nouveau à la 1ère place en octobre (+32% /2021). Les viandes hachées du rayon frais arrivaient en 4ème position (+24%) notamment devant les pâtes alimentaires ou la moutarde.

Les ventes au détail soutenues en valeur par l’inflation

Soutenues par l’inflation, les ventes de viandes hachées restaient soutenues en valeur. En cumul sur les semaines 40 à 43, elles dépassaient nettement les niveaux d’avant pandémie, tant pour le bœuf haché frais (+15% /2021 et +21% /2019) que pour le haché surgelé (+32% /2021 et +43% /2019). Cependant, les volumes vendus au détail ont reculé : en septembre et octobre, les ventes au détail de viande hachée fraîche on reculé de -5% en volume.

L’inflation a des effets sur l’ensemble des ventes des produits de grande consommation et frais libre-service (PGC-FLS). Si celles-ci progressent en valeur, elles reculent désormais en volume. D’après IRi, en cumul sur les 44 premières semaines de 2022, les ventes de PGC-FLS ont progressé en valeur (+3% /2021), mais se sont érodées en volume (-2%).