Les prix des vaches de réforme sont de nouveau sous pression en Europe. Les restrictions mises en place pour enrayer la 2nde vague de Covid-19 font chuter la demande du fast-food à une saison où les réformes de vaches laitières sont traditionnellement au plus haut. Les prix allemands ont en outre pâti de fermetures ponctuelles d’abattoirs clusters de coronavirus.
ALLEMAGNE : les capacités d’abattage réduites font pression sur les cours
Les abattages de bovins ont été ralentis en Allemagne en raison de nombreuses fermetures ponctuelles d’outils liées à la pandémie de covid-19. Les prix des vaches ont fortement chuté.
La réduction des capacités d’abattage de certains outils, voire leur mise à l’arrêt temporaire, a conduit à une baisse de 19% du nombre de bovins abattus en novembre par rapport à 2019 et 2018 (données hebdomadaires AMI). La chute du nombre de réformes (-26% /2019) a été d’autant plus forte que les jeunes bovins étaient prioritaires. Les étables allemandes sont actuellement encombrées de vaches taries, mais aussi de veaux difficiles à caser compte-tenu des retards pris dans les sorties de JB.
La cotation de la vache O a perdu 30 centimes en 5 semaines avant de remonter à 2,31 €/kg de carcasse fin novembre, un niveau très inférieur à ceux des années précédentes (-11% /2019 et -5% /2018). Le surplus d’offre par rapport aux capacités d’abattage réduites, ainsi que le ralentissement de l’industrie du fast-food en Europe font pression sur les cours. Le prix du porc est également en chute libre. Si le marché du porc fait face aux mêmes problématiques de réduction des capacités d’abattage, il subit de plus la fermeture du débouché chinois lié à l’apparition de la fièvre porcine africaine sur le territoire allemand.
Le travail détaché dans les abattoirs allemands sera interdit à partir de janvier 2021. Au mois de mai, les clusters dans les abattoirs avaient mis en lumière les exécrables conditions de travail et de logement des travailleurs détachés qui représentent jusqu’à 90% de la main d’œuvre dans l’industrie de la viande en Allemagne. Le Gouvernement avait alors annoncé que le travail détaché serait interdit à partir de 2021. Un projet de loi devrait être adopté mi-décembre par le Bundestag pour une entrée en vigueur début janvier, avec quelques dérogations toutefois comme l’explique cet article dans Les Échos.
IRLANDE : léger mieux sur les prix
En Irlande, les abattages de gros bovins sont en hausse depuis le début de l’année (+3% /2019 en cumul sur les 44 premières semaines) d’après l’indicateur hebdomadaire du Ministère de l’agriculture. Une seule catégorie a vu ses effectifs abattus en baisse, ce sont les jeunes bovins (-34% /2019). En anticipation d’un Brexit dur, la production de cette catégorie de bovins avait très nettement augmenté au 1er semestre 2019 au détriment du bœuf castré, exporté traditionnellement au Royaume-Uni. Depuis, la réduction des débouchés vers l’Europe continentale en lien avec la pandémie de Covid-19 et les difficultés logistiques ont affecté la production irlandaise de mâles entiers. Les abattages des bovins des autres catégories sont en hausse : vaches (+4% /2019), génisses (+2%) et bœufs (+14%).
Après quelques perturbations liées à la 2ème vague de Covid-19, le commerce de viande est de nouveau dynamique en Irlande et la demande est soutenue. Les abattoirs cherchent à s’approvisionner pour répondre à la demande liée aux fêtes de fin d’année sur le marché domestique et surtout à l’export (90% des débouchés).
Les hausses concernent toutes les catégories. En semaine 48, après une baisse des cours liées notamment à la fermeture de la restauration rapide, la vache O rebondissait à 2,82 €/kg de carcasse (+9% /2019).
Sans avoir subi de baisse liée à la 2èmevague, la génisse R cotait 3,72 €/kg éc (+6% /2019) et le bœuf R 3,67 €/kg éc (+7% /2019) en semaine 48. Le bœuf s’est ainsi apprécié de 7 centimes en un mois mais reste inférieur de 58 centimes à la cotation britannique.
Les exportations irlandaises de viande bovine réfrigérée et congelée ont poursuivi leur redressement partiel en septembre. Elles ont progressé par rapport au même mois de 2019, marqué cependant par une grève des approvisionnements des abattoirs par les éleveurs, à 42 200 téc (soit +30% /2019, mais -6% /2018). Sur les trois premiers trimestres, les exportations restent globalement en retrait, à 330 700 téc (-7% /2019 et -2% /2018). Toutes les principales destinations sont concernées par la baisse : Royaume-Uni (-9% /2019 à 156 ktéc), Pays-Bas (-16% à 27 ktéc), France (-18% à 27 ktéc), Italie (-18% à 20 ktéc).
Pour compenser, l’Irlande continue de développer ses exportations vers les pays tiers : Philippines, Japon, Canada, États-Unis… (relire l’article d’octobre)
Royaume-Uni : les prix continuent de se redresser
Le nombre de bovins était à nouveau en retrait en octobre 2020 selon les données du British Cattle Movement Service. Ainsi, au 1er octobre, le cheptel bovin de la Grande-Bretagne s’élevait à un peu moins de 8 millions de têtes (-2% /2019 ou -156 000 têtes), en baisse pour la deuxième année consécutive. Le nombre de bovins de moins de 30 mois était sous la barre des 5 millions de têtes (-1% ou -69 000 têtes) la plus forte baisse étant observée chez les mâles laitiers. Le troupeau de reproductrices s’est contracté à un rythme légèrement plus élevé à 2,9 millions de têtes (-3%).
Mais ce sont les disponibilités à court terme de jeunes animaux (prime cattle : mâles laitiers et bovins de boucherie des deux sexes âgés de 12 à 30 mois) qui devraient marquer le pas. Les effectifs de ces bovins étaient en retrait de -5% (-83 400 têtes) au 1er octobre 2020.
En attendant, les abattages de gros bovins étaient déjà en recul sur les quatre dernières semaines connues (-8% /2019 et -5% /2018 sur les semaines 45 à 48). Toutes les catégories sont concernées par la baisse.
Comme ailleurs dans de nombreux pays européens, la consommation s’est renationalisée en lien notamment avec la réduction des échanges commerciaux. Les importations (-5% /2019) et les exportations (-11%) britanniques de viande bovine ont toutes deux reculé sur les trois premiers trimestres de 2020.
Malgré les restrictions imposées à la restauration, la consommation de viande bovine est restée dynamique (cf. article du mois dernier) notamment via les ventes au détail. Sur les 12 dernières semaines se terminant le 1er novembre 2020, les achats de viande bovine par les ménages ont progressé (+9,7% /2019 en valeur ; +4,8% en volume). Toutes les catégories de produits ont enregistré une hausse, à commencer par les steaks, les rôtis et le haché.
Les cours des différentes catégories d’animaux jeunes poursuivent ainsi leur course à la hausse depuis plusieurs semaines. En semaines 48, le bœuf R britannique cotait 4,25 €/kg de carcasse (+8% /2019 et +4% /2018) soit une hausse de 12 centimes en un mois, laissant le bœuf irlandais loin derrière (-58 centimes en semaines 48 contre -52 centimes un mois plus tôt) en raison de la renationalisation partielle du marché britannique.
Les cours des génisses R se sont également appréciées de 12 centimes en un mois, à 4,24 €/kg éc (+8% /2019 et +4% /2018). Cependant, les cotations des réformes ont pâti des restrictions autour de la restauration, et notamment des fast-foods, liées à la 2ème vague. Ainsi, la vache O a perdu 15 centimes sur la même période pour atteindre 2,78 €/kg éc (-5% /2019 et -3% /2018).
POLOGNE : la deuxième vague fait chuter les prix des vaches
Les restrictions sur la restauration en Europe pour contrer la deuxième vague de covid-19 font chuter les prix des vaches en Pologne. La cotation de la vache O a perdu 15 centimes en 7 semaines pour tomber fin novembre à 2,35 €/kg de carcasse (-6% /2019 et -13% /2018).