Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

Comme chaque année en novembre, l’offre en broutards a augmenté du fait du retour des animaux dans les étables. Malgré tout, les prix sont restés stables ou ont à peine diminué car la demande française pour l’engraissement est restée ferme, notamment en Charolais. Les exportations vers l’Italie ralentissaient un peu mais étaient dynamiques vers l’Algérie.

Léger tassement des cours

Le retour des animaux en stabulation a entraîné une certaine augmentation de l’offre. De ce fait, les mâles et femelles charolais légers, plus nombreux en cette saison, ont perdu quelques centimes. Les cours des animaux charolais les plus lourds et les Limousins, très demandés, se sont maintenus.

Début décembre en semaine 49, le broutard charolais U de 450 kg cotait 3,35 €/kg vif (+79 cts ou +31% /2021, +46% /2020) un niveau stabilisé depuis plusieurs semaines.

Le cours du Charolais U de 350 kg, à 3,46 €/kg vif en semaine 49 (+77 cts ou +29% /2021, +41% /2020), s’est érodé de -4 cts sur les quatre dernières semaines.

En semaine 49, le cours du Limousin E de 350 kg a été reconduit à nouveau à 3,65 €/kg vif pour la huitième semaine consécutive (+82 ou +29% /2021, +37% /2020). La cotation du mâle croisé R de 300 kg s’est également stabilisée à 3,08 €/kg vif (+47 cts ou +18% /2021, +34% /2020).

La Charolaise U de 270 kg était cet automne plus rare qu’habituellement et son cours avait rapidement progressé pour dépasser même celui de la Limousine E de 270 kg en semaine 42 ! Depuis, le prix de la Charolaise est reparti à la baisse, à 3,25 €/kg vif en semaine 49 (+57 cts ou +21% /2021, +27% /2020) soit 5 centimes en dessous de la Limousine E de 270 kg (3,30 €/kg vif, +38 cts ou +13% /2021 et +19% /2020).

Naissances en léger recul par rapport à 2021

En octobre 2022, 281 000 veaux de mère allaitante sont nés en France (- 1 000 têtes ou -0,4% /2021 et -1,9% /2020). Sur les quatre premiers mois de la campagne 2022-2023 (juillet-octobre) 888 000 veaux sont nés, en recul par rapport aux années précédentes (-23 00 têtes ou -2,5% /2021 et -5,3% /2020).

Au 1er novembre, la décapitalisation du troupeau allaitant est restée soutenue, avec un effectif de 3 531 000 vaches allaitantes en France (– 114 000 têtes ou -3,1% /2021).

Effectifs de broutards en légère baisse

Au 1er novembre 2022, 602 000 broutards de 0 à 6 mois étaient présents en France, en léger recul par rapport à l’année précédente (-7 000 têtes ou -1%/2021, -6% /2020). Cette baisse, inférieure à celle du cheptel de mères allaitantes, est le résultat du relatif dynamisme des naissances du mois d’octobre. La baisse des effectifs de broutards de 6 à 12 mois est plus forte, avec 774 000 têtes présentes au 1er novembre (- 29 000 têtes ou -4% /2021 et-4% /2020). L’offre en broutards reste donc restreinte et maintient les cours à leur niveau actuel élevé.

Ralentissement des exportations, y compris vers l’Italie

D’après les données SPIE-BDNI, les exportations françaises de bovins de type viande âgés de 4 à 16 mois ont totalisé 90 000 têtes en octobre (semaines 40 à 43) toutes destinations confondues (-4 800 têtes ou -2% /2021 et -14% /2020). En cumul sur les semaines 1 à 46, 938 000 têtes ont été expédiées à l’étranger, en net retrait par rapport aux années précédentes (-86 000 ou -8% /2021 et -6% /2020). Les exportations de Charolais ont reculé plus nettement (-12% /2021) que celles de Limousins (-7% /2021), du fait de la réorientation préférentielle des premiers vers l’engraissement en France.

Les exports totaux vers l’Italie de bovins de tous âges et de tous poids (veaux et broutards inclus) pour les semaines 45 à 49 s’élevaient à 102 000 têtes selon TRACES, en recul d’une année sur l’autre (-9 000 têtes ou -8% /novembre 2021 particulièrement dynamique). Les engraisseurs italiens auraient ralenti les sorties de jeunes bovins pour profiter de la hausse des cotations, et auraient donc différé les achats de broutards car les bâtiments tarderaient à se vider.

Vers l’Espagne, les exportations de bovins de tous âges et de tous types ont reculé sur les semaines 45 à 49 (-4 000 têtes selon TRACES soit -6% /2021).

Forte demande en Algérie et en Tunisie

D’après les Douanes, en cumul sur neuf mois, 41 000 animaux ont été exportés vers les pays tiers (-9 500 têtes ou -19% /2021), la baisse étant totalement imputable à l’arrêt des ventes vers Israël. À l’inverse, les broutards français sont très demandés en Algérie. Les importations de viande et de broutards étaient réduites depuis deux ans par le gouvernement algérien pour économiser les devises. La hausse des prix du gaz a permis de lever les restrictions aux importations et la demande algérienne est revenue à un haut niveau. 6 700 animaux sont partis vers l’Algérie en septembre, en nette augmentation (+14 %) par rapport au mois de septembre 2021 déjà très dynamique. En cumul depuis le début de l’année, l’Algérie a acheté 36 000 broutards (+7% /2021). La demande est également élevée en Tunisie, avec près de 4 000 broutards expédiés entre janvier et septembre 2022 (×20 /2021 et ×1,5 /2020). Ces deux pays représentaient la plupart des ventes de broutards aux pays tiers