Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 359 Mars 2024 Mise en ligne le 25/03/2024

A l’approche des fêtes de fin d’année, les cours des jeunes bovins européens ont encore gagné quelques centimes.

ITALIE : offre limitée, prix en hausse

En Italie, les sorties de jeunes bovins ont été considérablement limitées cet automne, conséquence de mises en place particulièrement prudentes au printemps, en raison des incertitudes sur les effets de la sécheresse et de la guerre en Ukraine.

En octobre, la baisse des abattages de jeunes bovins aurait été très forte d’après l’Anz : -13% /2021 pour les mâles de 12 à 24 mois à 62 000 têtes et -15% pour les femelles à 48 000 têtes, mais les données ne sont probablement pas définitives. Septembre avait déjà enregistré un net recul des sorties de mâles (-5% à 68 000 têtes). D’après les opérateurs, les abattages resteraient limités jusqu’à la fin de l’année, ce qui aurait conduit les engraisseurs à retarder les sorties de quelques jours pour profiter de la situation de marché favorable.


Les prix des jeunes bovins sont repartis à la hausse début novembre, creusant encore l’écart avec les années précédentes. Sur les 4 dernières semaines, les cotations à Modène de toutes les catégories de jeunes bovins mâles finis ont gagné 9 centimes par kg vif.

Le mâle limousin Extra à Modène cotait 3,66 €/kg vif en semaine 49 (+17% /2021). Le mâle charolais de 1ère catégorie cotait 3,46 €/kg vif (+18% /2021). Les femelles avaient gagné 6 centimes en un mois, à 3,66 €/kg vif pour la femelle limousine (+18% /2021) et 3,43 €/kg pour la charolaise (+17%).

L’indice des prix des moyens de production agricole pour les jeunes bovins calculé par l’ISMEA (analogue à l’IPAMPA français) a atteint 137,5 points en octobre (+20% /2021). Les deux postes principaux de cet indice composite sont l’achat du broutard (63%) et l’alimentation des animaux (24%).

Les achats des ménages de viande bovine sur les 10 premiers mois de l’année, suivis par le panel ISMEA-Nielsen, ont enregistré une hausse de 11% en valeur par rapport à 2019 (avant pandémie) et une faible érosion en volume : -1% /2019. Les évolutions sur un an sont de +4% en valeur et -4% en volume, mais l’année 2021 restait perturbée par des restrictions sur la restauration.

ESPAGNE : la hausse de production n’empêche pas celle des prix

En Espagne, la production de jeunes bovins poursuit sa hausse ce qui permet aux exportateurs de profiter de la pénurie d’offre sur les autres marchés européens.

Sur les 9 premiers mois de l’année, les abattages de jeunes bovins mâles et femelles ont totalisé 455 000 téc (+3% /2021), dont 150 000 téc de bovins jeunes de 8-12 mois (-2% /2021), 209 000 téc de taurillons (+7% /2021) et 95 000 téc de génisses (+5% /2021).

Certes, la flambée des prix des matières premières inquiète dans un pays où l’engraissement est principalement basé sur des rations sèches très dépendantes de l’importation de céréales et de tourteaux et où le coût des aliments achetés représente plus de la moitié du coût de production d’un JB. Mais il semble que jusqu’alors les engraisseurs parviennent à y faire face, en témoigne le maintien des flux de petits veaux français vers l’Espagne (lire l’article sur les jeunes veaux laitiers).

Les prix des JB restent orientés à la hausse grâce à un regain de la demande à l’approche des fêtes, tant sur le marché national que dans les circuits cheville en Italie et en Grèce. En outre, deux bateaux étaient prêts à partir en semaine 50 vers la Libye, l’un au départ du port de Carthagène et l’autre de celui de Tarragone.

Le JB U espagnol cotait 5,51 €/kgéc en semaine 49 (+23% /2021), le JB R 5,41 €/kg (+23% /2021) et le JB O 4,91 €/kg (+24% /2021).

ALLEMAGNE : prix stables à un haut niveau

En Allemagne, les prix des jeunes bovins sont relativement stables depuis mi-novembre. L’offre limitée soutient les prix, mais la forte réduction du pouvoir d’achat dans le contexte inflationniste limite aussi la demande.

Les cotations des jeunes bovins restaient en hausse de +11% /2021 début décembre, à 5,21 €/kg de carcasse pour le JB U, 5,15 €/kg pour le JB R et 4,84 €/kg pour le JB O.

L’inflation est ramenée à +10% en novembre après un pic de +10,4% en octobre en rythme annuel. L’indice de prix de l’énergie était à +39% et celui de l’alimentation à +21%. Le pouvoir d’achat des consommateurs allemand est donc durement impacté.

Les abattages de jeunes bovins sont restés très limités en novembre et à l’approche des fêtes. Sur les semaines 46 à 49, ils étaient en baisse marquée par rapport aux années précédentes (-7% /2021 et -8% /2020).

POLOGNE : production en repli

La production polonaise de jeunes bovins recule désormais depuis deux ans, par manque de petits veaux à engraisser, le cheptel laitier polonais se réduisant comme ailleurs dans l’UE. Ce repli fait suite à une longue expansion depuis 2004 (adhésion de la Pologne à l’UE) qui avait donné lieu à une baisse des exportations polonaises de jeunes veaux laitiers, puis à une hausse des importations de veaux en provenance des pays voisins.

Sur les 9 premiers mois de l’année, les volumes de jeunes bovins mâles et femelles abattus n’ont totalisé que 295 000 téc (-4% /2021 et -8% /2020), dont 229 000 téc de taurillons (-6% /2021 et -11% /2020) et 66 000 téc de génisses (+1% /2021 et +6% /2021). La part croissante de femelles dans la production témoigne d’une part de la difficulté à trouver des veaux mâles et d’autre part de la mise en place d’une filière génisse pour servir le marché italien, friand de « scottone ».

Les cours des JB à la production se maintiennent à un niveau élevé, sans pour autant suivre la dynamique haussière enregistrée en Europe du Sud. Il n’y a pas eu d’effet taux de change ce mois-ci, le zloty ayant peu évolué par rapport à l’euro sur les dernières 5 semaines.

La cotation du JB R se situait à 4,82 €/kg de carcasse en semaine 49 (+12% /2021 et +53% /2020) et celle du JB O à 4,54 €/kg (+11% /2021 et +52% /2020).