Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 365 Octobre 2024 Mise en ligne le 21/10/2024

La décapitalisation a ralenti, tant en cheptel laitier qu’en cheptel allaitant, mais elle reste prononcée. Les abattages de vaches ont fortement diminué depuis le printemps. La production de viande bovine baisse, malgré des sorties de jeunes bovins plus dynamiques. Les cours des bovins les mieux conformés se tiennent, ceux des bovins laitiers reculent.

Décapitalisation allaitante à -2,2%

Au 1er octobre, le recul du nombre de vaches allaitantes présentes en France était de -2,2% /2022 contre -3,1% au 1er mai. Tombé à 3,447 millions de vaches, le cheptel allaitant enregistre tout de même une baisse de 78 000 têtes en un an et de 420 000 têtes en 5 ans (depuis le 1er septembre 2018).

Depuis avril, la très forte baisse des réformes de vaches a permis de ralentir la décapitalisation. Par ailleurs en septembre, les entrées de génisses dans le troupeau ont affiché une hausse de 3% alors qu’elles étaient en forte baisse en début d’année, témoignant d’un décalage des saisons de naissances. En cumul sur 12 mois glissants, les sorties de vaches allaitantes ont diminué de 7%. Les entrées ont quant à elles reculé plus faiblement (-3%). Le solde reste négatif, mais ce solde négatif est plus faible que lors des mois précédents, ce qui conduit à un ralentissement de la décapitalisation.

Ralentissement de la décapitalisation laitière

La baisse annuelle du nombre de vaches laitières est passée de -2,5% au 1er mai à -1,9% au 1er octobre. Ce ralentissement de la décapitalisation découle là aussi d’un coup de frein sur les réformes ces derniers mois. Sur 12 mois glissants, la chute des entrées de génisses (-5%) reste le principal moteur du recul du cheptel. La baisse des sorties s’est intensifiée en août et septembre, ce qui a ralenti la baisse de cheptel. Sur un an, la décapitalisation laitière se chiffre à -64 000 têtes. Sur 5 ans, elle atteint -330 000 têtes.

Abattages de bovins : -4% sur les 10 premiers mois de l’année

En octobre, les sorties dynamiques de jeunes bovins et de génisses viande ont compensé les baisses dans les autres catégories. Les abattages de gros bovins ont totalisé 256 000 têtes d’après Normabev (+0,3% /2022 et -2,5% /2021), pour un tonnage de 99 000 téc (+0,7% /2022 et -1,7% /2021).

En cumul annuel, la baisse reste conséquente. Sur les 10 premiers mois de l’année, 958 000 téc de gros bovins ont été abattues (-3,5% /2022 et -7,3% /2021). Si l’on ajoute les veaux, la baisse est encore plus forte (-4,0% /2022 et -8,0% /2021).

Les cotations des vaches de type viande se tiennent

La forte baisse de l’offre à abattre permet de soutenir les cours des vaches les mieux conformées, toujours bien au-dessus des cours de 2022. Elles ont toutefois perdu quelques centimes en semaine 45.

La vache U standard cotait 5,87 €/kg de carcasse en semaine 45 (+2% /2022 et +20% /2021) et la vache R 5,45 €/kg (+1% /2022 et +27% /2021).

Les cotations des laitières orientées à la baisse

La hausse saisonnière des réformes laitières à l’automne provoque habituellement un fléchissement des cours des vaches O et P. Celui-ci n’avait pas eu lieu les années précédentes en raison du fort déséquilibre entre la demande et l’offre. Cette année, la plus grande perméabilité avec le marché européen a conduit les opérateurs à exercer plus de pression sur les prix.

La cotation de la vache O a perdu 25 centimes en un mois, pour tomber à 4,56 €/kg de carcasse en semaine 45 (-9% /2022, mais toujours +26% /2021) et celle de la vache P 29 centimes, à 4,28 €/kg (-11% /2022, mais toujours +25% /2021).

La cotation du JB U toujours stable

La reprise de la hausse saisonnière se fait attendre en France, alors que les prix italiens et allemands sont désormais orientés à la hausse à l’approche des fêtes de fin d’année (pour en savoir plus, lire l’article sur les JB en Europe).

La cotation du JB U est restée stable sur un mois à 5,36 €/kg et restait supérieure à son niveau des années précédentes en semaine 45 (+1% /2022 et +21% /2021). Celle du JB R a perdu 1 centime à 5,21 €/kg (-1% /2022, mais toujours +22% /2021). Dans le sillage des vaches laitières, le JB O a perdu 11 centimes en un mois pour tomber à 4,79 €/kg (-4% /2022, mais toujours +32% /2021).

Charges : l’IPAMPA est reparti à la hausse en août et septembre

En septembre 2023, l’IPAMPA viande bovine (indice des prix d’achat des moyens de production agricoles, base 100 en 2015) s’établissait à 134,4 points (-2,3% /2022, mais toujours +17% /2021). L’indice des prix des aliments achetés était à -6% /2022 et +20% /2021. L’indice des énergies et lubrifiants avait encore augmenté de+5% d’un mois sur l’autre à 185 (+13% /2022 et +51% /2021). Celui des engrais et amendements est resté relativement stable par rapport à juillet, à 136 (-38% /2022, mais toujours +12% /2021).

Une pousse de l’herbe globalement plus favorable qu’en 2022 jusqu’au 20 octobre

D’après la note de suivi de la pousse de l’herbe des prairies permanentes publiée par Agreste, la production cumulée des prairies permanentes au 20 octobre était inférieure de 9% à celle de la période de référence 1989-2018 au niveau national. La situation s’est donc encore légèrement dégradée depuis le 20 septembre, l’écart à la période de référence n’étant alors que de -8%. Les fortes chaleurs de début d’automne et l’absence de pluie dans certaines régions jusqu’à mi-octobre ont mis à mal la production herbagère, notamment dans le Centre-Est où certains départements affichent un déficit de plus de 40%. À l’inverse, la pousse de l’herbe est restée dynamique dans le Nord-Ouest grâce à quelques épisodes de pluie. L’excédent a atteint +17% en Normandie, +9% dans les Hauts-de-France et +6% en Bretagne.