Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

Les naissances de veaux allaitants ont été dynamiques à l’automne 2023, ne compensant que partiellement le déficit du printemps. Les disponibilités en broutards restent faibles du fait de la décapitalisation et du creux de naissances au printemps. Début 2024, les prix sont restés stables dans la lignée des cotations de fin 2023.

Le report des naissances vers l’automne se confirme

Comme les années précédentes, les naissances de veaux de mère allaitante ont été plus dynamiques à l’automne, compensant en partie le déficit du printemps. Ainsi, sur les trois derniers mois disponibles (septembre – novembre), 889 000 veaux sont nés de mère allaitante, en progression de +7 000 têtes ou +0,8% /2022. À l’inverse, sur les trois mois du pic habituel de naissances (février – avril), les naissances étaient en baisse de -97 000 têtes (ou -8,4%) /2022, à 1 065 000 têtes.

En cumul sur onze mois, 2 958 000 veaux sont nés de mère allaitante, soit une baisse de -137 000 naissances (-4,4% /2022).

Au 1er décembre 2023, la décapitalisation allaitante poursuivait son ralentissement avec 3 470 000 vaches présentes dans les exploitations françaises, soit une baisse de -2,1% (ou -74 000 têtes) sur un an contre -3% encore en juin 2023.

Baisse des disponibilités en broutards

Conséquence à la fois de la décapitalisation et de la baisse des naissances de printemps, le disponible en broutards est en baisse cet hiver. Ainsi, seuls 718 000 mâles allaitants âgés de six à douze mois étaient présents dans les fermes françaises au 1er décembre, en recul de -2% ou -18 000 têtes /2022. Le recul touche tout particulièrement les Charolais, plus impactés par la décapitalisation : avec 285 000 têtes, leur nombre était en baisse de -12 000 têtes ou -4%.

À l’inverse, les naissances dynamiques de l’automne ont limité le recul des effectifs de broutards de moins de six mois présents dans les fermes. On dénombrait ainsi 628 000 de ces animaux au 1er décembre, en recul de -1% (ou -7 000 têtes) /2022.

Recul des exportations sur un an

D’après les données SPIE-BDNI, les exportations de broutards (bovins de type viande âgés de 4 à 15 mois) étaient en nette baisse en novembre (semaines 44-48), à 110 000 têtes (-8% ou -9 000 têtes /2022). En cumul sur 50 semaines, 971 000 broutards ont été exportés, soit une baisse de -7% /2022 (-72 000 têtes). Le recul touchant les deux sexes, la part de femelles dans les animaux exportés reste stable à 34%.

La relocalisation d’une partie de l’engraissement en France, à l’œuvre depuis deux ans, concerne essentiellement les Charolais, déjà plus marqués par la décapitalisation que les autres races. En conséquence, les envois de broutards charolais ont davantage reculé sur cinquante semaines, de -8% à 295 000 têtes (-26 000 /2022), que les Limousins, de -4%, soit -12 000 têtes, à 298 000 animaux.

Exports dynamiques vers l’Italie en novembre

En novembre d’après les données Douanes, les exports de broutards mâles de plus de 300 kg étaient en hausse vers l’Italie à 60 000 têtes (+5 000 têtes ou +9% /2022). Au total, et malgré une baisse sur les envois de femelles (-8% à 6 000 têtes), les exportations vers l’Italie ont progressé de +3% en novembre, à 83 000 têtes. En cumul sur onze mois, 768 000 broutards ont été expédiés en Italie, soit un recul de -5% /2022.

L’Espagne toujours aux achats de broutards lourds

Les envois de broutards lourds vers l’Espagne ont continué leur progression en novembre d’après les données Douanes, avec 6 000 têtes (×2,5 /2022). Sur les onze premiers mois de 2023, les exportations de broutards mâles de plus de 300 kg ont ainsi doublé, atteignant 44 000 têtes. Au total cependant, les exportations vers l’Espagne sont marquées par la baisse des envois de broutards légers (160-300 kg), qui restent nettement inférieurs aux années précédentes sur onze mois (53 000 têtes, -5% /2022 et -35% /2021) malgré un rebond à 7 000 têtes en novembre (+22% /2022). Ainsi, en cumul toutes catégories, 100 000 animaux sont partis vers l’Espagne, soit une progression nette de +27% (ou +22 000 têtes) sur un an, mais toujours bien en-deçà du niveau historique (-9% /2021, -15% /2020).

Lent démarrage des envois en janvier

D’après les données TRACES-DGAL (données issues des certificats sanitaires, exportations tous bovins confondus vers les pays de l’UE), sur les deux premières semaines de 2024, les envois de bovins vers l’Italie étaient en baisse de -27% (ou -9 000 têtes) /2023, avec 24 000 animaux expédiés. Attention cependant, en 2024, le 1er janvier (férié) était un lundi, alors qu’il tombait un dimanche en 2023, ce qui a réduit le nombre de jours d’activité en semaine 1 en 2024.

Vers l’Espagne, ces envois sont restés dynamiques avec 25 000 têtes sur deux semaines, en hausse de +10% /2023 (attention, ces données incluent les broutards, les veaux laitiers et toutes les autres catégories de bovins envoyés).

Prix : première quinzaine 2024 dans le prolongement de 2023

Début 2024, les prix sont globalement restés stables et aux mêmes niveaux que sur les dernières semaines de 2023 malgré la faiblesse de l’offre. Le Charolais U de 450 kg cotait ainsi 3,26 €/kg vif (-8 cts /2023 ou -2%). La cotation du Charolais U de 350 kg s’établissait à 3,32 €/kg, stable sur quatre semaines et proche du cours de l’année dernière (-7 cts ou -2% /2023).

Le Limousin E de 350 kg cotait 3,80 €/kg vif, un prix inchangé depuis octobre 2023 et en hausse de +15 cts (ou +4%) sur un an. Le broutard croisé R de 300 kg cotait 3,10 €/kg, en très légère hausse (+1 ct) sur quatre semaines et proche également de son niveau de janvier 2023 (+2cts ou +1%).

Côté femelle, la Limousine E de 270 kg cotait 3,40 €/kg, un prix stable également depuis fin 2023, mais en hausse sur un an (+10 cts ou +3% /2023). De même, la Charolaise U de 400 kg était quasi stable en semaine 2 à 3,23 €/kg (+1 ct sur quatre semaines), également en hausse (+7cts ou +2%) sur un an.