Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

L’offre globalement limitée continue de soutenir la hausse saisonnière des cours des vaches de réforme en Europe. Les restrictions autour de la restauration soutiennent toujours les ventes au détail, notamment pour le haché et les autres transformations.

ALLEMAGNE : demande soutenue et offre limitée soutiennent les cours

En Allemagne, l’offre de vaches reste limitée alors que la demande de viande de réforme est toujours vive. Le temps froid récent a prolongé la période de consommation de viande de vache notamment utilisée par les transformateurs pour la production de viande hachée, de soupes et de ragoûts. Les ventes au détail des viandes de vache bénéficient aussi de la prolongation des restrictions autour de la restauration : celle-ci restera fermée outre-Rhin au moins jusqu’au 18 avril comme l’ensemble des commerces non essentiels, les lieux de loisirs, de sport et de soins corporels.

La demande allemande au détail fait face à une offre nationale de bovins d’abattage toujours contenue, notamment en réformes. Sur les 4 dernières semaines de mars 2021 (s10 à 13), les abattages de vaches ont été à nouveau limités (-1% /2020 et -2% /2019) alors même que ces semaines de 2020 correspondaient aux premières semaines de restrictions liées à la pandémie, avec alors un fort ralentissement des abattages.

L’offre insuffisante continue de soutenir les cotations. Le cours de la vache O reste relativement élevé. En semaine 13, il atteignait 2,93 €/kg de carcasse (+14% /2020 et +4% /2019). C’est 35 centimes de plus qu’en début d’année. D’après AMI, si les cours se sont stabilisés à la mi-mars, le marché des femelles devrait rester soutenu en avril d’autant que les perspectives d’offre restent limitées.

Irlande : les cours progressent à nouveau

En Irlande, le cheptel bovin avait reculé de 30 000 têtes au 31 décembre 2020 (-1% /2019), à 6,5 millions de têtes. Le nombre de vaches atteignait 2,4 millions de têtes, en léger repli (-4 000 têtes /2019). Les dynamiques restent inversées suivant l’orientation du cheptel : +30 000 têtes (+2%) pour les vaches laitières et -34 000 têtes (-4%) pour les vaches allaitantes.

Et les effectifs d’animaux de plus de 2 ans disponibles pour l’abattage étaient alors en net retrait. Après la hausse de +2% en tonnage en 2020, les experts de Bord Bia tablent désormais sur une baisse très marquée de la production irlandaise de viande bovine en 2021 (-9% /2020).

En mars, l’offre est restée limitée dans toutes les catégories. Les abattages de gros bovins pour l’export ont été en très net retrait sur les 4 dernières semaines de mars (-16% /2020 et -10% /2019) d’après l’indicateur hebdomadaire du Ministère de l’agriculture irlandais. La baisse des abattages de vaches réformes a été de même ampleur (-16% /2020 et -9% /2019).

La demande des abattoirs en bovins finis est pourtant restée soutenue pour répondre à la demande au détail pour les fêtes de Pâques, notamment au Royaume-Uni. La réouverture partielle des restaurants britanniques mi-avril a récemment amplifié cette tendance.

Les cours irlandais en ont nettement profité. En semaine 13, la cotation de la vache O atteignait 3,12 €/kg de carcasse (+11% /2020 et +17% /2019) soit 13 centimes de plus en un mois (+4%).

Le cours du bœuf R irlandais a suivi la même tendance, portée notamment par la demande britannique. Il cotait 3,86 €/kg de carcasse en semaine 13 (+6% /2020 et +6% /2019) reprenant 9 centimes en un mois (+2%).

Malgré le dynamisme du marché britannique, les opérateurs irlandais poursuivent leur stratégie de diversification de la clientèle à l’export. Début avril, les discussions avec les autorités sud-coréennes avaient progressé quant à l’ouverture de ce marché pour les bovins de moins de 30 mois (y compris avec os). Elle devrait être effective sous peu.

En attendant, les exportations de viande bovine réfrigérée et congelée irlandaise ont été limitées en janvier 2021. 42 100 téc ont été expédiées (-15% /2020) d’après Bord Bia. Les envois vers le Royaume-Uni semblent avoir été relativement peu affectés par le retour de procédures douanières (-5% /2020).

Royaume-Uni : les cotations battent des records

Au Royaume-Uni, les abattages de gros bovins sont désormais limités pour toutes les catégories. Sur les quatre dernières semaines connues (s.10 à 13), ceux-ci ont été en net retrait (-10% /2020 et -6% /2019). Face à une offre limitée, les abattages de bœufs (-7% /2020), génisses (-7%) et JB (-17%) comme ceux de vaches (-17%) ont enregistré un net recul.

La demande au détail est restée forte en attendant la réouverture des terrasses de pubs et de restaurants le 12 avril dernier. La levée de toutes les restrictions est prévue, si tout va bien, le 21 juin.

Avec une offre limitée, la hausse saisonnière des cours est bien plus marquée qu’habituellement. Début avril, la cotation de la vache O atteignait 2,88 £/kg de carcasse (+17% /2020 et +19% /2019), soit 3,38 €/kg de carcasse en semaine 13. Et les cotations de toutes les catégories flirtent avec des niveaux record.

L’offre britannique devrait restée limitée. Selon la dernière enquête, le cheptel bovin britannique totalisait 9,4 millions de têtes au 1er décembre 2020 (-1% ou -93 000 têtes /2019). Le cheptel de vaches, qui représente plus d’un tiers des bovins, a également diminué (-1%) à 3,3 millions de têtes, au même rythme pour le cheptel laitier qu’allaitant (-1%).

Toutes les classes d’âge sont à la baisse sauf les bovins de moins d’un an, tant femelles (+3% ou +47 000 têtes) que mâles (+1% ou +14 000 têtes).

POLOGNE : la troisième vague n’affecte pas les cours des réformes en zloty

Alors que la production polonaise devrait se contracter en 2021, la cotation polonaise de la vache O a perdu 4 centimes d’euros en un mois pour tomber à 2,62 €/kg de carcasse en semaine 13, niveau cependant supérieur à la première crise du Covid-19 (+11% /2020 ; -3% /2019).

Mais c’est en fait la dépréciation du zloty qui joue à plein. Sur la même période, le cours de la vache O est resté stable en zloty. Et depuis le début de l’année, la cotation s’est nettement appréciée en devise locale (+9%). Ces prix polonais plus compétitifs ont profité à l’export, notamment pour la transformation en début d’année.