Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 330 Juillet/août 2021 Mise en ligne le 20/07/2021

Viande ovine

L’offre s’étoffe et le commerce s’active à l’approche de l’Aïd

Alors qu’elles étaient en repli depuis le début d’année, les sorties d’agneaux irlandais et britannique semblent reprendre début juillet. En France, les abattages sont restés dynamiques jusqu’en mai, tandis que les importations de viande ovine se maintenaient à de modestes niveaux.

Côté espagnol, la production est élevée depuis le début d’année et les envois, de viande comme de vifs, le sont tout autant, surtout si l’on se réfère à année 2020 catastrophique. L’arrivée de la fête du mouton active le commerce des principaux pays exportateurs.

Viande ovine » France »

Un commerce plutôt modéré

Plutôt dynamique jusqu’en mai, la production abattue d’ovins semble ralentir alors que les opérateurs s’attendent à un regain de la demande avec la plus importante des fêtes musulmanes, du 19 au 23 juillet cette année.

Forte baisse saisonnière de la cotation française

A 7,02 €/kg en semaine 27 (se terminant le 11 juillet), la cotation française continue de diminuer de façon traditionnelle. Bien que l’écart avec les niveaux des années précédentes s’amenuise du fait d’un commerce jusqu’ici particulièrement calme, la cotation reste exceptionnellement élevée. Cette dernière survole son niveau de l’an passé de +0,47 €/kg et celui de 2019 de +1,11 €/kg.

Des abattages français dynamiques jusqu’en mai

En mai 2021, la production abattue a progressé de +1% /2020, à 940 téc : d’une part, la baisse des effectifs d’agneaux abattus (-1%) a été contrebalancée par un alourdissement des carcasses, passant de 18,3 à 18,7 kg d’une année sur l’autre ; de l’autre, la production abattue de réformes a progressé, malgré la stabilité des effectifs abattus, grâce à hausse des poids de carcasses (de 27,1 à 27,7 kg).

Sur les cinq premiers mois de 2021, les abattages d’ovins ont progressé de +6% /2020 et de +4% /2019, en volume. Les importations d’agneaux vivants, principalement en provenance d’Espagne (x3,5), ont plus que doublé sur la même période et sont de nouveau venues étoffer le disponible français.

De janvier à mai, les imports de vifs ont fourni 6% des abattages nationaux en 2021, contre 3% en 2020 et 4% en 2019. Les abattages d’agneaux français ont toutefois augmenté sur la période considérée : d’une année sur l’autre, les abattages totaux ont gagné 109 000 têtes et les imports de vifs 60 000 têtes.

Selon les données d’Ovinfos, les abattages reculent depuis début juin.

Des importations de viande ovine toujours réduites

Les importations de viande ovine destinées au marché français ont rebondi en mai par rapport au niveau exceptionnellement bas de l’an dernier (+16% /2020), à environ 6 800 téc. Toutefois, elles restent très inférieures aux volumes des années précédentes : -12% /mai 2019 et de -14% /mai 2018 ; la pandémie et le Brexit ayant affecté les importations françaises de viande ovine en 2020.

Après déduction du ré-export, les achats viande britannique destinés aux marché intérieur ont été relativement stables comparé à mai 2020 et en baisse de -28% /mai 2019.

Les achats de viande en provenance d’Espagne sont demeurés dynamiques (+55% sur 5 mois /2020 et +19% /2019) et ceux en provenance de Nouvelle-Zélande ont aussi augmenté (+65% /mai 2020), pour la première fois depuis le début de l’année, se rapprochant de leur niveau de mai 2019. Les importations de viande ovine irlandaise ont quant à elles continué de chuter.

Une consommation de viande ovine partiellement rétablie

De janvier à mai, la consommation de viande ovine calculée par bilan (66 000 téc) a gagné +5% d’une année sur l’autre, notamment du fait d’abattages français dynamiques et surtout comparativement aux bas niveaux de 2020. Elle demeure toutefois inférieure de -7% à celle des 5 premiers mois de 2019.

 

 

Viande ovine » UE et monde »

Une offre qui semble se redresser au sein de l’UE

Tandis que la demande mondiale reste soutenue, les sorties d’agneaux semblent progressivement augmenter, notamment en Irlande et au Royaume-Uni. En Nouvelle-Zélande, la hausse des réformes, en lien avec divers épisodes de sécheresses en 2020 et début 2021, a quasiment contrebalancé la baisse des abattages d’agneaux. Les exportations néozélandaises sont en hausse d’une année sur l’autre, tirées par une forte demande des grands bassins d’importation.

Royaume-Uni : franche baisse saisonnière de la cotation

Après une forte ascension, la cotation de l’agneau britannique semble désormais avoir entamé une baisse vertigineuse. A 5,46 £/kg en semaine 27, elle a perdu 0,41 £/kg d’une semaine à l’autre, mais demeure relativement élevée : 0,58 £ de plus qu’en 2020 et 1,13 £ de plus qu’en 2019 la même semaine.

Les abattages britanniques, toujours en recul en mai (-7% /2020), l’auraient été davantage en juin, selon les données d’AHDB. Ils pourraient toutefois rebondir en juillet, à l’approche de l’Aïd al-Adha et surtout la chute – certes traditionnelle mais très abrupte- du cours britannique.

Sur 5 mois, la production abattue au Royaume-Uni a baissé de -9% d’une année sur l’autre, à 98 800 tonnes. Avec des importations en net repli (-22% sur 4 mois /2020), surtout depuis l’Irlande, les disponibilités en viande ovine ont chuté au Royaume-Uni.

Sur 4 mois, les exportations britanniques de viande ovine ont baissé de -21% d’une année sur l’autre en volume, notamment vers la France. Le cours élevé de l’agneau britannique, devenu peu compétitif, limite aussi les exportations, en plus d’une offre peu garnie.

Irlande : le commerce s’active à l’approche de l’Aïd al-Adha

Après avoir chuté fortement depuis la semaine 25, la cotation des agneaux de printemps a rebondi en semaine 27 (se terminant le 11 juillet), à 6,50 €/kg. Si l’écart se creuse avec les niveaux des années précédentes, il reste élevé : +0,88 €/kg /2020. Malgré une hausse des sorties, la demande des abattoirs en semaine 27 a largement dépassé l’offre disponible, ce qui contraste avec la tendance des deux semaines précédentes.

En effet, même si en juin les abattages d’ovins en Irlande étaient toujours en baisse, de -10% d’une année sur l’autre, le nombre d’agneaux de printemps disponibles a commencé à augmenter début juillet : de plus en plus arrivent au terme de leur engraissement et les prix actuels sont très attractifs.

On observe en revanche toujours une baisse des importations d’agneaux vivants d’Irlande du Nord début juillet, ce qui pèse sur les effectifs totaux abattus.

Le commerce dans son ensemble a reçu un énorme coup de pouce avec l’arrivée de l’Aïd al-Adha : les bouchers et abattoirs se disputent les agneaux mâles de plus de 6 mois, les plus lourds, très demandés et encore plutôt rares.

Espagne : des exportations dynamiques

De janvier à avril, la production espagnole de viande ovine, estimée à 38 000 t, a progressé de +7% /2020. Elle a ainsi retrouvé le niveau normal de 2019, après avoir été affectée négativement par la pandémie de Covid-19.

Les volumes exportés de viande ovine ont quant à eux augmenté de +37%, pour atteindre 18 400 t, selon les données d’Agencia Tributaria.

Depuis le début d’année, les envois d’agneaux vivants espagnols sont en forte hausse vers la France. Ce flux croissant découle de l’arrêt des envois espagnols vers la Libye et compense la réduction des exportations d’agneaux britanniques vers le continent. L’agneau espagnol est ainsi devenu momentanément plus compétitif que le britannique sur le marché français, et les exportateurs en profitent. De plus, l’Aïd al-Adha qui approche accroît encore la demande extérieure.

Nouvelle-Zélande : un commerce plus calme que l’an passé en mai

Au mois de mai, la baisse saisonnière des abattages d’agneaux a aussi été très prononcée d’une année sur l’autre (-28%, à 33 000 téc). Attention toutefois, les abattages de mai 2020 étaient particulièrement élevés, soutenus par la reprise des envois vers la Chine (suite au blocage en février pour cause de pandémie).

De janvier à mai, la forte augmentation des abattages de réformes (+6% /2020), en lien avec plusieurs épisodes de sécheresse qui ont pénalisé la pousse de l’herbe et restreint l’aliment disponible, a compensé quelque peu la baisse des abattages d’agneaux (-4% /2020). Cette dernière étant due à des problèmes de mises-bas durant le dernier printemps néozélandais, particulièrement sec (sous-alimentation des brebis pleines).

In fine, la production de viande ovine sur 5 mois n’a baissé que de – 1% /2020, avec 245 000 téc. Au 2nd semestre, les abattages de réformes devraient diminuer pendant quelques mois jusqu’au sevrage des agneaux de la prochaine campagne.

Les exportations de viande ovine ont légèrement augmenté en mai (+1% /2020), avec d’un côté une baisse vers la Chine (-13%) comparativement aux volumes élevés de l’an passé, et de l’autre de fortes hausses vers le Royaume-Uni (+15%) et la France (+40%).