Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 345 Décembre 2022 Mise en ligne le 19/12/2022

Viande ovine

La baisse des achats pèse sur les marchés

La baisse générale de consommation de viande d’agneau pèse sur les cours entrée abattoir dans de nombreux pays (Irlande, Royaume-Uni, Espagne…). En France, pays déficitaire et importateur majeur, la cotation se maintient cependant à un niveau historiquement élevé.

Viande ovine » France »

La cotation se stabilise à un haut niveau

Le cours de l’agneau français se stabilise autour des 8,50 €/kg à deux semaines de Noël, après une hausse fulgurante en novembre. Alors au plus bas, les abattages ont remonté légèrement en décembre, stoppant ainsi l’ascension de la cotation.

La cotation atteint un niveaux historique… les charges aussi

Après une forte hausse, la cotation de l’agneau lourd entrée abattoir s’est stabilisée en décembre. En semaine 49 (terminée le 11 décembre), elle atteignait 8,51 €/kg, quasiment stable (- 1 centime) d’une semaine sur l’autre, et dépassant en revanche de +54 centimes son niveau de 2021.

La demande devrait légèrement augmenter à l’approche des fêtes, mais les commandes des distributeurs semblent frileuses face à la flambée des prix qui ronge le pouvoir d’achats des ménages…
Après avoir stagné quelques mois, l’IPAMPA ovin viande est reparti à la hausse en octobre (139,8 points), du fait d’une nouvelle envolée des cours du pétrole. L’indice énergie et lubrifiants était en hausse de +42% /2021, celui des engrais et amendements de +50%, et celui des aliments achetés de +30%.

Baisse des sorties d’agneaux et hausse des réformes

Selon Agreste, la production abattue de viande ovine était en repli de -3% d’une année sur l’autre en octobre, à 5 000 téc. Le nombre d’agneaux abattus a franchement diminué (-6% /2021 et -10% /moyenne quinquennale). En volume, la baisse est moins prononcée (-5% /2021), grâce à une légère progression des poids de carcasse.
Les réformes étaient quant à elles de nouveau en nette hausse d’une année sur l’autre en octobre (+7% /2021 et +3% /moyenne quinquennale), signe d’une décapitalisation pour faire face à la baisse des disponibilités fourragères (sécheresse) et à la cherté des aliments (inflation).

De janvier à octobre, la production s’est repliée de -2,6% /2021, à 69 000 téc, avec des effectifs d’agneaux abattus en recul de -3,8% et de réformes en hausse de +4,5%. Les importations d’ovins vifs ont baissé de -17% /2021 sur 9 mois, participant nettement à ce recul des volumes abattus.

Bond des importations de viande d’agneau néozélandais en septembre

En septembre, les importations françaises de viande ovine ont continué de croître d’une année sur l’autre, de +8% /2021, à 7 000 téc. Le bond des achats de viande de Nouvelle-Zélande (+55% /2021) et la légère hausse de celle du Royaume-Uni (+1%) ont contrebalancé les moindres achats en provenance d’Irlande (-1%) et d’Espagne (-24%).
De janvier à septembre 2022, 62 000 téc ont été importées en France, soit +6% /2021, mais -4% /moyenne quinquennale. Seuls les achats de viande espagnole reculent.

Les disponibilités progressent, mais restent réduites

Les abattages français sont en repli tandis que les importations – malgré un regain – restent modérées, ce qui affecte d’autant le disponible consommable en France : de janvier à septembre, il a progressé modestement (+1,6% /2021), mais demeure faible, en repli de -3% par rapport à la moyenne des cinq dernières années.

Viande ovine » UE et monde »

La moindre demande européenne contient la remontée des cours

La baisse de consommation pèse sur le cours de l’agneau lourd dans de nombreux pays d’Europe, ce qui retarde leur remontée saisonnière, entre le creux estival et les fêtes de fin d’année.

Royaume-Uni : le repli de la production s’accentue en novembre

La cotation britannique a subi une longue baisse saisonnière du fait d’un marché alourdi par un repli des achats intérieurs et des exports. La diminution des abattages au 2nd semestre n’a dans un premier temps pas suffi à alléger suffisamment le marché. Puis en novembre, le repli s’est accentué et permis au cours britannique d’entamer une hausse tardive. En semaine 48, il se situait à 6,33 €/kg, à mi-chemin entre les niveaux de 2021 (-0,96 €/kg) et de 2020 (+1,10 €/kg).

La production est passée sous ses niveaux de 2021 à partir de juin et le phénomène s’est accentué en novembre : les sorties d’agneaux ont traditionnellement augmenté d’un mois sur l’autre (+5%), mais sont restés en retrait de – 6% /2021. Le repli de -15% des réformes entre octobre et novembre – bien que le phénomène soit saisonnier – a permis une baisse globale des abattages en novembre, allégeant le marché et permettant à la cotation de s’élever (tardivement).
Sur 9 mois, les importations ont bondi de +28% /2021 et les exportations de +12% /2021, notamment vers leurs principales destinations (France, Allemagne, Belgique, Italie), pour atteindre 56 000 t.
La demande britannique au sein du commerce de détail est restée atone au 3ème trimestre de 2022. Les professionnels espèrent que le manque de volailles (dindes) dû à la grippe aviaire redynamise les achats d’agneau.

Irlande : hausse tardive de la cotation

La cotation irlandaise suit la tendance observée au Royaume-Uni et en France, deux clients majeurs à l’export : hausse tardive début novembre (semaine 44). En semaine 48, elle s’établissait à 6,75 €/kg, soit -0,60 €/kg sous son niveau de 2021, mais +1,25 €/kg au-dessus de celui de 2020.
Contrairement au Royaume-Uni, les abattages d’agneaux irlandais sont demeurés élevés en novembre, comme lors des deux mois précédents (+7% /2021). Sur 11 mois, ils ont augmenté de +7% /2021 et de +2% /2020. Les réformes ont suivi la même tendance (+8% /2021 et +1% /2020). Rappelons qu’en 2021 l’Irlande avait subi une nette baisse de sa production et de ses exportations.
L’offre plus abondante et le prix attractif de l’agneau irlandais dynamisent les exportations de viande ovine : à 39 000 téc sur 8 mois, elles ont progressé de +14% /2021, dont +24% vers le Royaume-Uni et +18% vers la France. Des erreurs sur les données douanières ne permettent pas d’avoir les résultats de septembre.
L’inflation impacte la demande intérieure et celle des principaux marchés à l’export, expliquant le rapprochement de la cotation avec son niveau de 2021 depuis cet été, jusqu’à passer en-dessous octobre.

Espagne : décapitalisation du cheptel ovin

Depuis fin octobre, le cours de l’agneau espagnol poursuit sa remontée saisonnière, avoisinant son niveau de 2021. En semaine 47, il s’établissait à 7,88 €/kg, soit +4 cts /2021 et +1,96 € /2020.

La production abattue est demeurée stable d’une année sur l’autre de janvier à septembre, avec 91 000 téc. La hausse des poids moyens de carcasse a contrebalancé la baisse des effectifs abattus (-3,5% /2021). Les effectifs d’agneaux abattus ont reculé de -8% sur la même période tandis que ceux des réformes ont bondi de +42%.
Malgré cette stabilité de la production, les exportations de viande ovine espagnoles se sont repliées, de -10% /2021 sur 9 mois, principalement du fait d’un important recul de la demande française (-19% /2021).
Les envois d’agneaux vivants ont a contrario bondi de +13% /2021 sur 9 mois, en premier lieu vers la Jordanie. L’épidémie de variole semble sous contrôle, mais l’Espagne est désormais touchée par la maladie hémorragique épizootique (EHD).

Nouvelle-Zélande : fléchissement des exportations en octobre

En octobre 2022, la production abattue en Nouvelle-Zélande a poursuivi sa hausse saisonnière et dépassé de +11% son niveau de 2021, rejoignant quasiment celui de 2020. En revanche, les exportations ont régressé en octobre, de -9% /2021, atteignant 25 000 téc.

Sur 10 mois, la production abattue a été presque stable (-0,5% /2021), à 356 000 t, avec des effectifs d’agneaux abattus équivalents et des réformes en baisse (-2% /2021). Dans le même temps, les envois ont reculé de -5% d’une année sur l’autre. Le recul (temporaire ?) de la demande chinoise en est la principale raison. La reprise des exportations vers le Royaume-Uni (+6% /2021) et l’UE-27 (+22%) n’a pas totalement compensé le chute des expéditions vers la Chine (-21%).