Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 351 Juin 2023 Mise en ligne le 20/06/2023

Viande ovine

L’Aïd el-Kébir réactivera-t-il le commerce ?

Depuis Pâques et la fin du Ramadan, les ventes de viande d’agneau ont de nouveau nettement fléchi, en France comme ailleurs. Malgré des achats plus modestes que les années passées du fait de l’inflation, la demande pour les fêtes religieuses pourrait redynamiser un marché de l’agneau plutôt atone. L’Aïd el-Kébir ou Aïd al-Adha, du 28 juin au 2 juillet cette année, est en ce sens attendu de pied ferme.

Viande ovine » France »

La demande et l’offre françaises toujours modestes

Toujours à des niveaux supérieurs aux années précédentes, le cours de l’agneau français poursuit sa baisse saisonnière sous l’effet d’une demande traditionnellement ralentie à cette période de l’année et de plus affectée par le moindre pouvoir d’achat des ménages.

La cotation poursuit sa baisse saisonnière

En semaine 23 (se terminant le 11 juin), la cotation entrée abattoir atteignait 8,18 €/kg, stable d’une semaine sur l’autre, et 21 centimes au-dessus de son niveau de 2022. Même si les abattages sont en repli, ils dépassent de façon traditionnelle la demande à cette période de l’année (encore davantage avec l’inflation), ce qui fait baisser les cours.
L’Aïd el-Kébir (cette année du 28 juin au 2 juillet) devrait venir dynamiser les ventes, alléger le marché et ainsi soutenir les prix.

Depuis le début de l’année, la baisse des abattages permet d’équilibrer le marché face à une demande particulièrement atone.
L’IPAMPA ovin viande a de nouveau légèrement reculé d’un mois sur l’autre à 135,5 points en avril 2023, mais reste très élevé, supérieur de +3,6 points à son niveau d’avril 2022. Les indices énergie et lubrifiants (-9% /2022), mais aussi engrais (-23%) ont certes fléchi d’une année sur l’autre, mais restent très élevés. L’indice aliments achetés est quant à lui toujours plus élevé (+7% /2022).

Des abattages en franc recul

Selon Agreste, les abattages d’ovins ont atteint 26 000 téc sur 4 mois, en chute de -10% /2022. La hausse des réformes (+1% /2022, à 155 000 têtes) n’a que marginalement contrebalancé l’allègement de leurs poids carcasses (-1,0 kgéc) et le net repli des abattages d’agneaux (- 9%, à 1,4 M de têtes). La sécheresse de 2022 et la flambée des prix des intrants ont relancé la décapitalisation ovine, faisant reculer le disponible en agneaux pour 2023. Pâques ayant eu lieu une semaine plus tôt qu’en 2022 (le 10 au lieu du 17 avril), il y a eu davantage d’abattages et d’importations de viande comme de vifs en mars 2023 qu’en mars 2022, mais à l’inverse moins en avril.

Les importations d’agneaux vivants ont explosé au 1er trimestre (x4 /2022, à 30 000 têtes), soutenues par une forte hausse en mars (décalage des dates de Pâques). Les exportations d’agneaux ont dans le même temps progressé (+26% /2022 à 117 000 têtes).

Des importations de viande ovine dynamiques au 1er trimestre

Sur les trois premiers mois de 2023, les importations françaises de viande ovine ont augmenté d’une année sur l’autre (+9% /2022, à 20 000 téc), via notamment la nette hausse de mars (+17%) attribuable au décalage des dates de Pâques entre 2023 et 2022. Cependant, elles restent modérées, inférieures de 10% à la moyenne des premiers trimestres 2015-2019 (avant la pandémie de covid-19).
Les volumes ont progressé en provenance du Royaume-Uni (+23% /2022) et d’Irlande (+7%), mais ont nettement fléchi en provenance de Nouvelle Zélande (-6%) et d’Espagne (-18%).

Le disponible français remonte avec Pâques

Au 1er trimestre 2023, le disponible français a rebondi de +9% /2022 avec des abattages français toujours en retrait et surtout du fait du rebond des importations de viande ovine pour mars. Il reste toutefois nettement sous la dernière moyenne quinquennale (-10%).

Viande ovine » UE et monde »

Les cotations britanniques et irlandaises entament leur traditionnelle baisse

Les cours britanniques et irlandais débutent leur baisse saisonnière sous l’effet d’une offre traditionnellement supérieure à la demande à cette période de l’année. En Espagne, la nette baisse de production maintient le cours de l’agneau à un niveau élevé. L’Aïd el-Kébir, fin juin, devrait momentanément soutenir ces cotations.

Royaume-Uni : baisse des imports et hausse des exports

En semaine 22, le cours britannique se situait à 8,15 €/kg, en hausse de +43 centimes d’une année sur l’autre et de +35 centimes par rapport à celui de 2021 à pareille époque. La baisse des importations et la hausse des exportations de viande ovine soutiennent le marché. La demande reste modeste (malgré une Pâques très positive) alors que la production britannique va graduellement augmenter jusqu’à la fin de l’année. L’Aïd el-Kébir devrait venir dynamiser les ventes fin juin.

La production britannique de viande ovine a été stable, à 95 000 t de janvier à avril 2023 : les effectifs d’agneaux abattus et de réformes abattus ont certes augmenté, respectivement de +3% et +5% d’une année sur l’autre, mais leurs poids carcasse ont été réduits sous l’effet d’une moindre finition en lien avec la cherté des aliments.
Les exportations britanniques de viande ovine ont bondi de +25% /2022 au 1er trimestre 2023, dont +22% vers la France. Les importations tous fournisseurs confondus ont en revanche chuté de -32% /2022, dont -29% en provenance de Nouvelle-Zélande et -30% d’Irlande.
Le prix de l’agneau britannique, très compétitif au 1er trimestre, a commencé à se redresser à partir de mars. Ainsi l’écart entre les prix britanniques et français s’est réduit ces dernières semaines, ce qui pourrait freiner la croissance des exportations britanniques. L’offre de viande ovine, en tension sur le continent, devrait malgré tout rester un attrait majeur pour les exportateurs britanniques.

Irlande : le cours de l’agneau entame sa baisse saisonnière

La cotation de l’agneau de nouvelle saison a entamé sa baisse saisonnière en semaine 22 sous l’effet d’une hausse progressive de la production. Elle a décroché de -15 centimes d’une semaine sur l’autre à 7,90 €/kg, tombant ainsi 45 centimes sous son niveau de 2022, signe d’un marché plus encombré que l’an passé.

Sur les 5 premiers mois de 2023, les abattages d’ovins ont progressé de +3% /2022, à 1,1 M de têtes. On constate une hausse des abattages d’agneaux de +3% /2022 à 1,0 M de têtes (+13% /2020), et de +1% /2022 pour les réformes. En mai, les abattages d’ovins irlandais ont reculé de -1% /2022. Les professionnels irlandaises prévoient une baisse des sorties d’agneaux au printemps 2023 du fait d’une baisse des effectifs de reproductrices et d’un taux de fertilité moindre.
Avec une production croissante en mars (+12% /2022), les exportations de viande ovine irlandaise ont nettement progressé le même mois (effet avancement Pâques), de +12% /2022, notamment vers la France (+6%) et l’Allemagne (+37%), mais ont à l’inverse reculé vers le Royaume-Uni (- 6%). Sur le 1er trimestre 2023, les exportations irlandaises augmentaient alors de +3% /2022, à 14 900 téc. Les exportateurs Irlandais craignent cependant par la suite la concurrence des agneaux britanniques et océaniens.

Espagne : le manque d’offre soutient la cotation

Le cours espagnol s’est stabilisé à des niveaux historiquement élevés, signe d’un relatif équilibre entre une demande et une offre toutes deux modestes. En semaine 22, il s’établissait à 7,39 €/kg, soit +0,61 € /2022 et +1,18 € /2021. Le repli de la production espagnole, la hausse des exportations de viande ovine ainsi que la forte demande de vifs à l’export soutiennent le cours espagnol.

Au 1er trimestre 2023, la production abattue a en effet reculé, de -4% /2022, sous l’effet d’un repli des effectifs d’agneaux (-1%) et de réformes (-10%) abattus et d’une baisse des poids de carcasse : les tonnages de viande d’agneaux ont ainsi baissé de -2% et ceux de réformes de -12%.
Les exports d’agneaux vivants espagnols ont augmenté de +2% /2022 au 1er trimestre 2023, via une forte hausse en mars (+37% /2022), due au dynamisme de la demande pour les fêtes religieuses mais aussi au décalage de leurs dates. Au 1er trimestre, le dynamisme des envois vers l’Italie, la France et la Libye, tous multipliés par 4 d’une année sur l’autre, a plus que contrebalancé la baisse des envois vers la Jordanie (-29%), l’Arabie Saoudite (aucun envoi), la Hongrie, le Portugal et l’Allemagne.
Les exportations de viande ovine ont quant à elles bondi de +12% au 1er trimestre de 2023, malgré la baisse de l’offre, en grande partie du fait d’un fort regain vers l’Italie (+77%). Les exportations vers la France ont à peine progressé sur la même période (+1% /2022). Attention toutefois, en 2022 les exportations de viande ovine espagnole avaient été ralenties. Un nouveau foyer de variole ovine a été détecté mi-mai en Cuenca, contraignant les mouvements du bétail dans cette zone.

Nouvelle-Zélande : légère baisse de production

De janvier à avril 2023, la production ovine abattue en Nouvelle-Zélande a perdu -1% d’une année sur l’autre, à 181 000 téc. Les effectifs d’agneaux abattus ont reculé de -4% /2022 tandis que ceux d’ovins adultes ont augmenté de +3% /2022. Les carcasses des agneaux comme des ovins adultes abattus se sont alourdies, de respectivement +1% et +2% /2022, à 19,2 kg et 25,2 kg.
Sur la même période, les exportations de viande ovine ont progressé, de +6% /2022, à 169 000 téc. Elles ont notamment progressé vers la Chine (+25%), la Belgique (x2) et les Pays-Bas (+55%), mais ont baissé vers le Royaume-Uni (-31%), la France (-4%) et l’Allemagne (-2%).
Une nette hausse des volumes expédiés a été enregistrée vers la France et l’Allemagne en avril 2023 /2022.