Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 357 Janvier 2024

Viande ovine

L’Asie et le Moyen-Orient concentrent les flux mondiaux de viande et de vifs

Les importations françaises de viande ovine restent modestes en 2023 alors que la production française recule nettement. La demande est forte en Asie et au Moyen-Orient où les flux mondiaux d’ovins vivants comme de viande ovine semblent s’y concentrer davantage, aux dépens de ceux vers l’Europe. Les attaques répétées en Mer Rouge et l’assèchement du canal du Panama rendent encore plus difficiles les flux de l’Océanie vers l’Europe.

Viande ovine » France »

Commerce ralenti début 2024

Le cours de l’agneau français débute de nouveau l’année à des niveaux historiquement élevés, signe d’une offre toujours réduite. Alors que les sorties d’agneaux Lacaune démarrent tout juste, avec également une part des agneaux de bergerie du Sud de la France, l’offre peine à couvrir la demande, pourtant faible en ce début d’année.

Une offre française fébrile

L’année débute de façon complexe pour la filière ovine française. L’offre reste modérée, tant au niveau des abattages français que des importations de viande ovine alors que le mois de mars s’annonce chargé en termes de commandes, entre Pâques (le 31 mars) et le Ramadan (10 mars au 9 avril).

En semaine 2 de 2024, la cotation a gagné 2 cts d’une semaine sur l’autre. A 8,86 €/kg, elle débute l’année à un niveau tout de même historiquement élevé, en hausse de +0,43 €/kg /2023 et +0,92 €/kg /2022. La cotation nationale, établie par FranceAgriMer, rassemble en réalité de grandes disparités entre les bassins Nord (plus élevée car peu d’offre) et ceux du Sud. La faiblesse de l’offre suffirait à peine à couvrir la demande, pourtant modérée à cette période de l’année.

Les sorties d’agneaux Lacaune débutent progressivement. Leur nombre devrait toutefois de nouveau reculer cette année, notamment en raison d’un nombre important de départs à la retraite – sans succession – dans le bassin aveyronnais. Le calendrier des sorties devrait concorder avec celui de 2023.

En novembre, l’IPAMPA ovin viande a légèrement diminué d’un mois sur l’autre. A l’indice 132,7, il est en repli de -5% /2022. L’indice énergie et lubrifiants (-5% /2022, mais +24% /2021), tout comme ceux des engrais (-1% /2022, -13% /2021) et des aliments achetés (-1%, mais +15% /2021) restent cependant à des niveaux historiquement élevés.

La baisse des abattages d’agneaux et de réformes se poursuit

Selon Agreste, la production abattue de viande ovine était en repli de -6% d’une année sur l’autre en novembre, à 4 600 téc. Le nombre d’agneaux abattus a encore diminué (-7% /2022). En volume, la baisse est de même ampleur, le poids de carcasse moyen étant stable, à 18,2 kgéc.

Les réformes étaient aussi en recul en novembre (-3% /2022). La baisse des volumes abattus est plus importante (-5%), du fait d’un net allègement du poids des carcasses (-2%/2022 à 26,4 kgéc), en lien avec des abattages plus précoces.

De janvier à novembre, la production abattue s’est somme toute repliée de -8% /2022, à 68 000 téc.

La chute des importations d’agneaux vivants espagnols (-41% /2022 soit -70 000 têtes sur 11 mois) participe à la baisse du disponible français en viande ovine et ce, malgré le recul conjoint des exportations françaises d’agneaux (-5% sur la même période).

Des importations toujours à la baisse en novembre

En novembre, les importations françaises de viande ovine ont continué de diminuer d’une année sur l’autre, de -4% /2022, à 6 700 téc. Seuls les achats de viande britannique ont encore augmenté (+5% /2022). Les importations en provenance de Nouvelle-Zélande restent ralenties (-9%), tout comme celles d’Espagne (-16%) après deux mois de sursaut successifs. Même tendance en provenance d’Irlande (-15% /2022).

De janvier à novembre 2023, 69 000 téc ont été importées en France, soit presqu’autant qu’en 2022 (-1% /2022), mais nettement moins qu’avant la pandémie de Covid-19 (-11% /moyenne 2015-2019). Seules les importations en provenance du Royaume-Uni ont progressé en 2023, d’une année sur l’autre.

Le disponible sur le marché français recule

Les abattages français sont en repli tandis que les importations restent modérées, ce qui affecte d’autant le disponible français : de janvier à novembre, il a fléchi de -4% /2022, et demeure nettement plus faible qu’avant la pandémie de covid-19, en repli de -11% par rapport à la moyenne 2015-2019.

Viande ovine » UE et monde »

Baisse des exportations espagnoles et irlandaises en 2023

La concurrence de l’agneau britannique et australien semble pénaliser les exportations irlandaises, tandis que les problèmes de production de l’Espagne freinent ses exportations. Le Royaume-Uni tire son épingle du jeu malgré une production stationnaire.

Royaume-Uni : le cheptel ovin enregistré à de bas niveaux

Le cours britannique a démarré l’année 2024 bien au-dessus de son niveau de l’an passé. À 7,14 €/kg en semaine 2, il se situait +1,08 €/kg au-dessus de 2023 et -0,24 €/kg /2022.

La production britannique de viande ovine, égale à 261 000 t sur 11 mois 2023, a diminué très légèrement d’une année sur l’autre, de -0,4% /2022, mais plus fortement (-4%) par rapport à la moyenne 2015-2019.

Malgré une production en léger repli, les exportations britanniques de viande ovine ont bondi de +11% sur 11 mois en 2023 en volume, dont +18% vers la France et +13% vers l’Allemagne. Elles ont doublé vers les Pays-Bas (plaque tournante), mais chuté vers l’Irlande (-40%). Attention, en 2022 les exportations britanniques n’avaient pas encore retrouvé leurs (meilleurs) niveaux d’avant Brexit.

Les importations de viande ovine, qui ont baissé d’une année sur l’autre au 1er semestre, se sont redressées très franchement ensuite (ex : x2 en novembre). Au total sur 11 mois, elles ont reculé tout de même de -13% /2022.

D’après le dernier recensement de Defra, le cheptel ovin du Royaume-Uni est à son plus bas niveau depuis 12 ans, avec 31,8 millions de têtes au 1er juin 2023, soit -4% /2022.

Irlande : faiblesse de la demande à l’export

La cotation du Hogget irlandais a débuté l’année entre ses niveaux de 2022 et 2023.
En semaine 2 de 2024 (se terminant le 14 janvier), elle s’établissait à 6,75 €/kg, soit 0,40 €/kg au-dessus de son niveau de 2023, mais 0,35 €/kg sous de celui de 2022.

En 2023, les abattages d’ovins irlandais en effectifs ont régressé de -1% /2022 sur 11 mois. Les effectifs d’agneaux abattus ont légèrement progressé, de +1% /2022, et ceux des réformes nettement reculé, de -8%.
L’évolution est par ailleurs positive en termes de viande ovine produite : +3% /2022 du fait de la hausse des poids de carcasse moyens des agneaux (+4% à 21,5 kgéc). Le poids moyen de carcasse des réformes est en revanche stable, à 25,3 kgéc.

Malgré une production haussière, les exportations de viande ovine irlandaise ont baissé de -6% /2022 sur 11 mois, dont -8% vers la France. Elles ont par ailleurs augmenté de +4% vers le Royaume-Uni.

Espagne : un bilan plutôt négatif fin 2023

Le cours espagnol a traditionnellement chuté d’une semaine sur l’autre en semaine 52 de 2023, de – 0,27 €/kg, mais est resté relativement élevé à 8,67 €/kg, soit +1,17 € /2022 et +1,01 €/2021.

La production abattue a reculé de -9% d’une année sur l’autre, à 90 000 t sur dix mois. La légère baisse des poids moyens de carcasse des agneaux a accentué la baisse des effectifs ovins abattus (-7% /2022) sur la production de viande d’agneau (-8%). Les réformes se sont repliées de -14% sur 10 mois et là encore, leur allègement a provoqué une baisse plus forte des volumes produits (-16% /2022).

Du côté des exportations, la tendance se poursuit : baisse des envois de vifs comme des envois de viande ovine. Les exportations de viande ovine espagnoles se sont en effet repliées sur 10 mois, de – 7% /2022, à 38 000 téc, principalement du fait d’un important recul de la demande des pays du Moyen-Orient (par exemple -45% /2022 vers le Qatar) et de l’Allemagne (-40%).

Les envois d’agneaux vivants ont régressé de -5% /2022 sur 10 mois, principalement vers la Jordanie. De même, les exports de réformes ont subi une baisse plus importante, de -35% /2022, via une contraction de la demande italienne.

Nouvelle-Zélande : reprise des envois en octobre et novembre

Sur 11 mois, la production de viande ovine néozélandaise a augmenté de +1% /2022, à 400 625 t.

La hausse des exportations de viande ovine est plus importante : +2% /2022 sur 11 mois, à 380 000 téc. Ces dernières reculent nettement vers le Royaume-Uni (-13%), mais augmentent par ailleurs vers l’UE-27 (+4%) et davantage encore vers la Chine (+11%).

Selon Farmers Weekly, les conflits en Mer Rouge et la sécheresse qui frappe le canal du Panama depuis l’été dernier favorisent les exportations néozélandaises vers la Chine, plutôt que vers l’Europe (allongement du trajet de plusieurs semaines pour aller vers l’Europe ou le Moyen-Orient).

Autre point négatif pour la Nouvelle-Zélande : la sécheresse annoncée pour 2024 qui, si elle se confirmait, pourrait venir impacter la production de ruminants.