Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 326 Mars 2021 Mise en ligne le 16/03/2021

Lait de chèvre et viande

Une collecte relancée mais un approvisionnement stable en 2020

Bousculés par la crise sanitaire, et confrontés à des livraisons nationales très dynamiques, les transformateurs ont réduit leurs importations de produits de report en 2020. Ils ont ainsi contenu leurs approvisionnements qui ont faiblement progressé. Ils ont privilégié les fabrications de fromages de chèvre dont la structure a évolué selon la catégorie des produits.

Le prix du lait de chèvre a connu une importante progression au 4ème trimestre, sous l’effet de la hausse du prix de base dans tous les bassins laitiers. D’un autre côté, alors qu’elles étaient restées à des niveaux très bas, les charges en élevage ont amorcé une tendance haussière en cette fin d’année.

 

Sommaire du numéro 326
Lait de chèvre et viande

Lait de chèvre et viande » Lait de chèvre »

Collecte relancée, approvisionnement stable

Bousculés par la crise sanitaire, et confrontés à des livraisons nationales très dynamiques, les transformateurs ont réduit leurs importations de produits de report en 2020. Ils ont ainsi contenu leurs approvisionnements qui ont faiblement progressé. Ils ont privilégié les fabrications de fromages de chèvre dont la structure a évolué selon la catégorie des produits.

Une année dynamique pour la collecte nationale

La collecte de lait de chèvre a connu un démarrage dynamique début 2020, avec une croissance comprise entre +5 et +7% au 1er trimestre (effet année bissextile neutralisé). La production avait en effet bénéficié des fourrages de bonne qualité récoltés en 2019, ainsi que d’une forte demande des transformateurs, qui avaient connu une légère tension sur le marché de lait de chèvre français en 2019. Cependant, l’imprévisibilité du marché avec à la mise en place du confinement à la mi-mars et le bousculement des habitudes de consommation ont poussé les transformateurs à appeler leurs livreurs à la modération. Ainsi, la collecte nationale a progressé un peu moins vite au 2ème trimestre, avec des taux de croissance mensuels oscillant entre +3 et +5%.

Cette croissance modérée s’est prolongée au deuxième semestre : la hausse de la collecte a été contenue par les sécheresses estivales, qui ont impacté la qualité du maïs fourrager et eu un effet négatif sur la pousse d’herbe. Ainsi, les taux de croissance ont oscillé entre +2% et +4% au deuxième semestre, exception faite du mois d’octobre, durant lequel la collecte nationale a été stable.

Au final, à près de 502 millions de litres en 2020, la collecte annuelle de lait de chèvre a progressé de +4% /2019, soit près de 19 millions de litres supplémentaires, selon FranceAgriMer.

Chute des importations

Les transformateurs français ont adapté leur approvisionnement, face à une collecte fortement relancée, à une demande imprévisible et à des exportations ralenties. Ainsi, les importations annuelles de produits de report se sont effondrées pour la deuxième année consécutive, passant de 74 à 58 millions de litres (soit -16 millions de litres ou -22% /2019).

En effet, après une année 2019 sous légère tension, les importations de produits de report caprins avaient bondi de +15% en février 2020, avec le début de la hausse saisonnière de la collecte en Espagne et aux Pays-Bas. Mais l’importante progression des livraisons françaises et les difficultés logistiques rencontrées par le maillon industriel pour assurer la collecte pendant le premier confinement (avec des nombreux arrêts maladie dans les sites de transformation), l’avaient poussé à freiner les importations dès le mois de mars.

Ainsi, dans un contexte de baisse des disponibilités du lait de chèvre en Espagne, et alors que la collecte française affichait des taux de croissance inédits, l’évolution des importations mensuelles a oscillé entre -51% et -4% /2019 entre avril et novembre. En revanche, elles ont rebondi de +37% /2019 en décembre, en lien avec une collecte française moins dynamique en fin d’année.

La bûchette sort renforcée

Boostées par une demande dynamique des ménages mais limitées par un approvisionnement atone, les fabrications fromagères ont été privilégiées au printemps. Après avoir bondi de +3% /2019 au 1er semestre, elles ont reculé de -2% /2019 au deuxième semestre, dans un contexte de la stabilisation du marché. En somme, les fabrications annuelles ont progressé de +0,5% /2019, à 99 000 t (soit +500 t).

A 49 000 t, les fabrications de bûchettes ont progressé de +3% /2019, soit +2 000 t. Très demandées, elles ont représenté 49% des fabrications des fromages industriels de chèvre en 2020, contre 47% en 2019. En effet, au vu du manque de visibilité sur les tendances du marché dans une année atypique, les transformateurs ont privilégié la fabrication de cette valeur sûre, à la fois ingrédient et produit final, pré-emballé et rassurant d’un point de vue sanitaire. Ils ont délaissé d’autres formats et types de fromages, d’autant plus que les GMS ont simplifié leurs assortiments pendant le confinement.

Ainsi, les fabrications des fromages à découper ont fortement chuté, à l’image des bûches affinées de 1 kg, qui se sont effondrées de -25% d’une année sur l’autre, avec 6 500 t produites (soit -2 100 t). Les fabrications de fromages frais, 20 500 t en 2020, ont également reflué de 400 t, soit -2% /2019.

Lait de chèvre et viande » Prix du lait de chèvre »

Année favorable pour le prix du lait

Le prix du lait de chèvre a connu une importante progression au 4ème trimestre 2020, sous l’effet de la hausse du prix de base dans tous les bassins caprins. D’un autre côté, alors qu’elles étaient restées à des niveaux très bas, les charges en élevage ont amorcé une tendance haussière en cette fin d’année.

Hausse du prix de base

Le prix de base du lait de chèvre s’est établi à 778 € les 1 000 litres au 4ème trimestre, soit une progression de près de 28 € d’une année sur l’autre (+3,6% /2019). Sur l’année, il enregistre une progression de même ampleur, soit +3,5% par rapport à 2019, à 681 €/1 000 litres.

Au 4ème trimestre, le taux de progression et le prix du lait de chèvre est le plus élevé dans le Sud-Est avec 822 €/1 000 litres, soit +5,7% /2019. Arrive ensuite le Sud-Ouest, avec 782 €/1 000 litres, soit +2,8% /2019, suivi de près par le bassin du Centre avec 781€/1 000 litres et +2,2% /2019. Le bassin du Centre-Ouest ferme la marche avec un prix de base à 771€ /1 000 litres, en hausse +4% d’une année sur l’autre.

Amélioration de la composition du lait fin 2020

La composition du lait de chèvre s’est nettement améliorée fin 2020, après un premier semestre marqué par la dégradation du taux butyreux et la stabilité du taux protéique. Ainsi, au 4ème trimestre, le taux butyreux a grimpé de +0,5 g/l, à 42,4 g/l, et le taux protéique de +0,6 g/l, à 37,3 g/l, une amélioration observée dans tous les bassins de production.

Mais cette embellie automnale n’a pas gommé la baisse du taux butyreux en début d’année : à 38,8 g/l de moyenne nationale sur l’année, il a cédé -0,2 g/l par rapport à 2019. En revanche la moyenne annuelle du TP, à 34,5 g/l, a gagné +0,2 g/l d’une année sur l’autre.

Prix payé aux éleveurs dopé par l’amélioration des taux au 4ème trimestre

Au 4ème trimestre, le prix du lait de chèvre payé aux livreurs a logiquement progressé de +34 euros par rapport à 2019, à 883 €/1 000 litres (+4% /2019). Le lait de chèvre a été mieux payé dans la région Centre où la part de lait AOP est la plus élevée, à 774 €/ 1 000 litres (+2,4% /2019), contre 756 € /1 000 litres (+2,9%) pour le Sud-Est. Les bassins du Sud-Ouest et du Centre-Ouest pratiquent des prix moyens très similaires, avec 733 € /1 000 litres (+2,5%) et 731 € /1 000 litres (+2,9%) respectivement.

Sur l’ensemble de l’année 2020, le prix moyen payé aux livreurs français de lait de chèvre s’établit à 742 €/1 000 litres. En hausse de 22 € d’une année sur l’autre (soit +3,1% /2019), il a bénéficié d’une évolution légèrement moins favorable que le prix de base.

Hausse des charges en élevage

La hausse du prix des charges en élevage caprin, amorcée en septembre, s’est poursuivie sur les 3 derniers mois de l’année. A l’indice 105,5 en moyenne au 4ème trimestre (base 100 = 2015), l’IPAMPA a progressé de +1,3% d’un automne à l’autre. A 104,4 en 2020, l’indice moyen annuel s’est quant à lui moins apprécié, de +0,3 % d’une année sur l’autre. Cette hausse découle surtout de la hausse du prix des aliments achetés, principal poste de charge en élevage caprin (50% des charges indicées), qui a augmenté de +1,7% en 2020, parallèlement à une baisse des postes énergie, lubrifiants et protection des cultures.

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