Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 340 Juin 2022 Mise en ligne le 20/06/2022

Viandes bovines

Le manque de viande disponible se poursuit et soutient les cours

En Europe comme en France, le manque de disponibilités maintient les cotations des gros bovins finis à des niveaux élevés. Toutefois, l’inflation a commencé à impacter la consommation de viande bovine dans certains pays, même si cela est partiellement compensé par le bon démarrage de la saison touristique en Europe du Sud.

Partout on constate aussi des coûts de production particulièrement élevés, à l’instar de l’Espagne, inquiète pour le futur. En France comme aux Pays-Bas, les cours des veaux de boucherie ont entamé leur baisse saisonnière.

Les exports de maigre français reculent faute de disponibilités, avec des naissances allaitantes en net recul et des mises en place à l’engraissement robustes. Les envois de veaux laitiers vers l’étranger sont, eux, restés dynamiques jusqu’à fin avril.

Viandes bovines » Gros bovins » France »

L’offre limitée en France stimule les importations, l’inflation alimentaire progresse

L’inflation a de nouveau progressé en mai. L’inflation alimentaire est cependant moindre que chez nos voisins européens. En valeur, les ventes au détail restent soutenues notamment pour la viande hachée congelée. La RHD confirme son dynamisme retrouvé depuis plusieurs mois. La consommation par bilan avait progressé en mars en lien avec la progression des importations.

 

L’inflation reste soutenue pour l’alimentaire

En mai 2022, l’indice général des prix à la consommation harmonisé (IPCH) de l’INSEE était à nouveau en hausse (+5,8% sur un an après le +5,4% d’avril). L’inflation sur les produits alimentaires était forte (+4,6% /mai 2021) notamment pour les viandes de bœuf et de veau (+8,5% en mai contre +6,5% en avril). L’inflation alimentaire en France reste cependant toujours inférieure à la moyenne dans la zone euro: l’inflation d’un mois de mai à l’autre pour les aliments non transformés était de +9,1% et celle pour les aliments transformés de +7,0%.

D’après IRi, le rythme d’inflation dans les rayons « alimentaire et petit bazar » restait élevé en mai, à +3,8% /2021, contre +2,9% en avril. Le rayon « épicerie salée » a été particulièrement touché (+5,8% /2021). L’inflation des rayons produits frais non laitiers (dont les viandes réfrigérées) comme des surgelés (dont les viandes congelées) ont également été affectées (respectivement +4,3% et +4,4% /2021).

Dans un contexte inflationniste, les ventes au détail résistent en valeur

D’après IRi, les ventes des produits de grande consommation et frais libre-service (PGC-FLS) sont restées supérieures à l’avant-pandémie depuis le début de l’année alors que l’inflation alimentaire récente participe à la progression du chiffre d’affaires. Sur 22 semaines, elles restaient en léger retrait par rapport à l’année dernière (-0,8% /2021). La progression des ventes en valeur depuis début juin est à ramener à une année 2021 où les restaurants étaient à nouveau autorisés à recevoir des clients en intérieur. En semaine 22, les ventes de PGC-FLS ont ainsi enregistré leur plus forte croissance de 2022 en valeur et même une légère progression en volume (+0,5%).

Alors que la hausse des prix au détail s’est poursuivie, les ventes de viandes hachées en valeur restent bien supérieures aux niveaux d’avant pandémie. En cumul sur les 21 premières semaines de 2022, les ventes sont ainsi restées intenses tant pour le bœuf haché frais (-5% /2021 et -4% /2020, mais +13% /2019) que pour le haché surgelé (-3% /2021 et -9% /2020, mais +17% /2019).

Forte progression du chiffre d’affaires de la RHD en France

En France, en mars 2022, le chiffre d’affaires global de la RHD était supérieur à celui des années marquées par la pandémie de covid-19 et dépassait largement son niveau d’avant pandémie (+140% /2021 ; +112% /2020 et +10% /2019). Le secteur de la restauration rapide restait particulièrement porteur (+50% /2021 ; +128% /2020 et +18% /2019). La restauration traditionnelle avait repris des couleurs (x5,7 /2021 ; +151% /2020 et +4% /2019), alors que restauration collective, bien qu’en progression, restait affectée par les habitudes prises lors de la pandémie comme le télétravail (+16% /2021 ; +11% /2020, mais -9% /2019).

Au niveau européen, la reprise d’activité du secteur de la RHD a été beaucoup plus contrastée qu’en France. En mars 2022, le chiffre d’affaires global de la RHD au sein de l’UE à 27 restait encore inférieur à l’avant pandémie (+93% /2021 ; +76% /2020, mais -3% /2019). La reprise a été plus faible en Espagne (+52% /2021 ; +114%/2020, mais -10% /2019) comme en Allemagne (+95% /2021 ; +41%/2020, mais -16% /2019).

Nouvelle progression du commerce extérieur en mars

D’après les Douanes françaises le commerce extérieur français de viande bovine (importations et exportations) a poursuivi sa progression en mars 2022. Les exportations ont approché les 23 000 téc quand les importations ont dépassé les 32 800 téc, niveaux supérieurs à ceux des deux années précédentes alors en pleines restrictions liées à la pandémie (respectivement +22% /2021 et +64% /2020 ; +40% /2021 et +8% /2020).

En cumul sur le premier trimestre 2022, les exportations françaises ont dépassé le niveau d’avant pandémie (+16% /2021, +5% /2020 et +2% /2019) à 60 000 téc, et les importations ont continué de s’en approcher (+32% /2021, +1% /2020, mais -4% /2019) à 84 100 téc. A noter que le commerce extérieur français avec les Pays-Bas est en hausse sensible :

  • Les importations ont augmenté (+36% /2021 à 20 400 téc).
  • Les exportations ont littéralement explosé (x3,6 /2021 à 10 200 téc), tout en restant à la moitié des flux à l’import.

La hausse des flux de viande bovine depuis la France vers les Pays-Bas s’explique partiellement par le développement de certaines filières franco-néerlandaises (Beter Leven, filières JB lourds…). Mais elle est également à mettre en relation avec la nette hausse des importations françaises depuis le Royaume-Uni (x3,5 /2021 sur le 1er trimestre 2022 à 11 100 téc). Depuis le Brexit, certains opérateurs, principalement néerlandais, réalisent un dédouanement de leurs importations de viandes britanniques en France avant réexpédition sans qu’il soit possible pour l’heure de déterminer dans quelles proportions.

La consommation par bilan a progressé en mars

Après deux mois de recul marqué, faute d’offre notamment, la consommation calculée par bilan était en hausse en mars 2022, à 131 600 téc (+1% /2021 et +11% /2020). En cumul sur le premier trimestre, elle atteint 370 200 téc (-3% /2021 et -1% /2020).

Avec un rebond des importations, la proportion de viande importée dans les disponibilités totales atteignait 26% en mars 2022, niveau supérieur à l’avant pandémie. Attention toutefois, les effets des éventuelles variations de stocks, importantes à certaines périodes, ne sont pas intégrés dans cette estimation et la lecture mensuelle ne doit pas être sur-interprétée !

 

Viandes bovines » Gros bovins » France »

La hausse des prix ralentit

Les prix des bovins finis ont encore gagné quelques centimes en mai. La hausse d’un an sur l’autre reste inédite, mais insuffisante pour couvrir l’ensemble des charges qui se sont envolées. L’offre de gros bovins finis enregistre un recul marqué d’autant que les poids de carcasse sont en baisse. Seuls les abattages de femelles allaitantes restent relativement dynamiques, venant accélérer la décapitalisation.

Des charges en très forte hausse

L’invasion de l’Ukraine par l’armée russe depuis fin février a accéléré l’envolée des prix de tous les intrants. En avril 2022, l’IPAMPA viande bovine (indice des prix d’achat des moyens de production agricoles, base 100 en 2015) a égalé son record de mars, à 133,6 (+22% /2021 et +29% /2020). L’indice des prix des aliments achetés était supérieur de +24% /2021 et +37% /2020, celui des énergies et lubrifiants de +59% /2021 et +100% /2020 et celui des engrais et amendements de +108% /2021 et +130% /2020.

Offre très restreinte en JB

Après un pic en mars-avril consécutif aux rétentions de début d’année, les sorties de jeunes bovins sont repassées sous les niveaux des années précédentes. Sur les semaines 19 à 22, les abattages de JB de type viande étaient en baisse de -7% /2021 et ceux de JB de type lait en chute de -15% d’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev. En semaine 23 débutant par le lundi de Pentecôte, les abattages ont été encore plus réduits (-19% /2021 pour les JB type viande et -31% pour les JB type lait). Le coût très élevé de l’alimentation animale, ainsi que l’anticipation des sorties stimulée par le manque d’offre, conduisent par ailleurs à une réduction des poids de carcasse, de -1,0% /2021 pour les JB de type viande à -1,4% pour les JB de type lait en moyenne sur les 5 dernières semaines. Cette relative pénurie exacerbe la concurrence entre acheteurs.

Prix des JB : la hausse ralentit

L’offre de viande de JB est restreinte partout en Europe, mais l’inflation freine la demande si bien que les prix des JB plafonnent dans les autres États membres. Ils ont même été fortement réajustés à la baisse en Allemagne après avoir frôlé les 6 €/kg. Ce contexte limite la hausse des prix français. En 4 semaines, la cotation du JB U a ainsi gagné 3 centimes, à 5,29 €/kg de carcasse en semaine 23 (+33% /2021 et +38% /2020). Celle du JB R a gagné 5 centimes à 5,18 €/kg (+36% /2021 et +41% /2020) et celle du JB O 6 centimes à 4,93 €/kg (+46% /2021 et +52% /2020).

Les vaches laitières peu nombreuses, mais très demandées

La hausse continue du prix du lait, alors que les vaches sont au pâturage et qu’il n’est pas question de distribuer de l’aliment à prix d’or, incite les éleveurs laitiers à prolonger les lactations ce qui retarde les effectifs de vaches réformées. Sur les semaines 19 à 23, les abattages de vaches laitières étaient en baisse de -2,5% /2021 d’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev. La baisse des poids de carcasse (-1,3% /2021 en moyenne) renforce la pénurie, avec une demande tellement forte qu’elle presse les sorties au détriment de la finition. Face à cette offre restreinte, la demande pour la viande hachée reste soutenue, ce qui continue de tirer les prix des réformes laitières. La cotation de la vache O a encore gagné +10 centimes en quatre semaines pour atteindre 4,98 €/kg de carcasse en semaine 23 (+49% /2021 et +60% /2020). Celle de la vache P a gagné 8 centimes à 4,87 €/kg (+57% /2021 et +69% /2020).

Les prix des vaches allaitantes également en hausse

Les cotations des vaches U et R ont gagné 9 centimes sur les 4 dernières semaines pour atteindre en semaine 23 respectivement 5,57 €/kg de carcasse (+18% /2021 et +24% /2020) et 5,27 €/kg (+28% /2021 et +34% /2020).

Le recul du cheptel allaitant s’est encore accéléré en avril. Au 1er mai, le nombre de vaches allaitantes présentes en France affichait un recul de -3,0% /2021. Le dynamisme actuel des abattages fait craindre une poursuite de cette accélération. Les abattages de vaches de type viande sur les semaines 19 à 22, de même que ceux de génisses de type viande, étaient en effet stables par rapport à 2021 malgré le recul du cheptel. Comme pour les vaches laitières, le poids moyen des vaches de type viande était en baisse (-0,7% /2021). Celui des génisses était en très légère hausse (+0,2%).

Par ailleurs, la sécheresse commence à inquiéter de nombreux éleveurs dans les régions les plus durement touchées. Les premières fauches ont été faites dans de bonne conditions, garantissant des fourrages de qualité, mais la pousse de l’herbe est ralentie depuis la mi-mai en raison du manque d’eau et de chaleurs inhabituelles. Mai 2022 a en effet été le mois de mai le plus chaud depuis le début du XXe siècle et le plus sec depuis 1959. L’arrivée de la vague de chaleur de mi-juin fait craindre une détérioration et un assèchement supplémentaire des sols.

Viandes bovines » Jeunes bovins » Europe »

Marché équilibré

La production européenne est globalement limitée et les poids de carcasse sont partout en retrait du fait de la flambée des coûts de l’alimentation animale. L’inflation limite les achats des ménages dans tous les États membres, mais la saison touristique est bien lancée en Europe du Sud ce qui stimule la demande de la restauration. Les cours des JB restent élevés. Ils se sont réajustés à la baisse en Allemagne mais devraient s’y stabiliser.

ITALIE : prix stationnaires à haut niveaux

En Italie, l’offre et la demande sont équilibrées, ce qui permet de maintenir les prix à un haut niveau. Comme d’habitude, l’arrivée des chaleurs estivales limite les achats des consommateurs. Mais cette année, la faible offre de viande permet un maintien des prix au lieu de la baisse saisonnière habituelle. Par ailleurs, la perspective d’une saison touristique sans restriction dynamise la demande de la RHD.

La cotation du JB mâle charolais à la bourse de Padoue s’est stabilisée à 3,21 €/kg vif (+34% /2021 et 2020 début juin). Celle du mâle limousin à Modène s’est stabilisée à 3,38 €/kg vif entre les semaines 15 et 23 (+23% /2021 et 2020).

La cotation des femelles limousines est également stationnaire depuis plusieurs semaines, à 3,45 €/kg à Modène (+18% /2021 et +20% /2020). Celle des femelles charolaise a perdu 2 centimes fin mai à 3,24 €/kg vif en semaine 23 (+20% /2021 et +26% /2020). En cette saison, les quartiers avants sont en partie destinés à l’export car la demande pour la viande à braiser ralentit sur le marché italien. Mais la viande de femelles est moins prisée sur certaines destinations export, ce qui a participé à faire fléchir les prix des Charolaises.

Après un ralentissement en avril, l’inflation est repartie à la hausse en mai selon Istat (+6,9% /2021, soit un record depuis 1986). Les prix de l’énergie ont augmenté de +42,2% et ceux de l’alimentation de +7,1%.

ESPAGNE : l’inflation et la hausse des coûts de production inquiètent le secteur

En Espagne, la hausse du prix de l’alimentation du bétail inquiète. L’Espagne est en effet très dépendante de l’importation de céréales et d’oléagineux pour la fabrication d’aliments et les systèmes d’engraissement de bovins sont basés principalement sur des rations sèches. D’après Asoprovac, le coût alimentaire représente plus de la moitié du coût de production d’un JB. Les éleveurs auraient donc réduit les mises en place depuis le mois de mars.

Par ailleurs, la filière est également préoccupée par les difficultés à pouvoir répercuter des hausses sur les prix à la consommation. En effet, le pouvoir d’achat des Espagnols est confronté à une très forte inflation des dépenses contraintes, notamment de l’énergie. L’inflation, qui avait ralenti en avril (+8,3%) après de le pic de mars (+9,6%), est repartie à la hausse en mai (+8,7%). Les familles ont modifié leur panier d’achat en se tournant vers les viandes les moins chères, notamment le porc. Heureusement, la demande de la restauration est dynamique grâce à une saison touristique qui démarre fort, ce qui  permet de valoriser les pièces d’aloyau.

La fin du Ramadan le 2 mai a fait chuter la demande des pays méditerranéens et entrainé un surplus momentané de JB qui est mi-juin résorbé. Mais les relations diplomatiques ne s’arrangent pas avec l’Algérie (débouché important pour la viande bovine et les jeunes bovins espagnols depuis 2016) après que l’Espagne s’est alignée sur la position marocaine au sujet du Sahara occidental le 18 mars dernier. Alger a annoncé le 8 juin suspendre immédiatement le traité « d’amitié et de bon voisinage » conclu avec l’Espagne en octobre 2002. Un sujet de plus qui inquiète la filière.

Les prix entrée abattoir restent à des niveaux élevés. Le JB U espagnol cotait 5,02 en semaine 22 (+32% /2021 et +42% /2020) et le JB R 4,98 €/kg (+34% /2021 et +43%/2020).

ALLEMAGNE : les prix se sont réajustés à la baisse

En Allemagne, après une flambée au 1er trimestre, les prix des JB ont subi un brutal réajustement à la baisse en mai, perdant 80 centimes en 4 semaines. Ils devraient toutefois se stabiliser en juin d’après les experts allemands d’AMI, le marché étant arrivé à un équilibre entre une offre et une demande toutes deux restreintes. La cotation du JB U est retombée à 4,67 €/kg de carcasse en semaine 23 (+17% /2021 et +32% /2020), celle du JB R à 4,63 (+18% /2021 et +33% /2020) et celle du JB O à 4,45 €/kg (+20% /2021 et +38% /2020).

Les rétentions en élevage pendant la phase de croissance très rapide des prix ont donné lieu à un afflux de JB fin mars et de nouveau en mai. Sur les semaines 18 à 22, les abattages de JB étaient en hausse de +9% /2021 d’après l’indicateur hebdomadaire d’AMI.

Cette hausse des sorties est advenue alors que la demande était freinée par l’inflation galopante dans un pays extrêmement dépendant du gaz russe. En mai, la hausse des prix à la consommation a atteint +7,9% sur un an selon l’institut national de la statistique Destatis, valeur la plus élevée depuis 1974. La hausse des prix alimentaires s’est fortement accélérée (+11,1% en mai contre +8,6% en avril). Dans l’univers des viandes, le bœuf a enregistré de fortes hausses alors qu’il constitue déjà le produit carné le plus onéreux. D’après les relevés Gfk pour AMI, les steaks de bœuf étaient en moyenne à 20,44 €/kg en semaine 23, soit +9,7% /2021, contre 7,17 €/kg pour le rôti de porc (+5,4%) et 10,41 € pour l’escalope de poulet (+23,1%). La viande hachée de bœuf était quant à elle à 10,0 €/kg (+34,5% /2021), contre 8,47 €/kg pour le haché mixte porc/bœuf (+31,8%).

Cette forte hausse des prix, alors que les dépenses contraintes ont flambé, a conduit à une modification du panier d’achat des ménages, inversant la tendance à la progression du bœuf. Sur les 4 premiers mois de l’année, les volumes de viande bovine achetés par les ménages ont chuté de -20% /2021 ou -11% /2020. Pour plus d’info, lire l’ article sur les femelles en Europe).

POLOGNE : petite baisse des cours dans sillage des prix allemands

En Pologne, le JB R cotait 4,96 €/kg de carcasse en semaine 22 (+44% /2020 et +76% /2020) et le JB O 4,79 €/kg (+43% /2021 et +74% /2020). Le zloty s’étant plutôt renforcé face à l’euro depuis le mois de mars, ce repli n’est pas dû à un effet de taux de change, comme c’est parfois le cas. Il serait plutôt dû à la situation de rééquilibrage sur le marché allemand.

La production polonaise de jeunes bovins plafonne. Au 1er trimestre, 231 000 mâles non castrés ont été abattus en Pologne (+0,9% /2021). Avec un poids moyen de carcasse en baisse, la production abattue (78 000 téc) a égalé celle de 2021.

Viandes bovines » Femelles » Europe »

Dynamiques divergentes

Si les cotations des réformes restent toujours soutenues à des niveaux élevés, elles suivent désormais des dynamiques différentes. De la progression en Irlande portée par un commerce extérieur dynamique à une baisse marquée en Allemagne où l’inflation semble affecter la demande des ménages. Un point commun partout en Europe : la hausse des prix des intrants qui pèse toujours sur les coûts de production.

 

ALLEMAGNE : L’inflation pèse sur la consommation alimentaire

En Allemagne, l’inflation semble désormais peser sur la consommation de viande. En cumul sur les 4 premiers mois de de 2022, les achats au détail de viandes ont été en net retrait (-13% /2021 en volume) mais par rapport à une année 2021 encore marquée par des mesures de restrictions sanitaires liées au covid-19, notamment en RHD. La viande bovine, consommée notamment en restauration pour le JB, a été particulièrement affectée (-20% /2021). Mais ce n’est pas le seul facteur d’explication. En effet, l’inflation est également forte pour la viande bovine. C’est notamment le cas pour le haché. La viande hachée bovine était en semaine 23 la plus chère de sa catégorie et celle qui a connu la plus grosse inflation sur un an.

AMI souligne également qu’au cours du 1er tiers de l’année 2022, de nombreux consommateurs se sont tournés vers des produits alternatifs végétariens (+16% /2021) jusqu’alors peu concernés par l’inflation en Allemagne, mais dont les volumes consommés restent très limités.

L’offre de réformes en abattoir reste limitée. Sur les semaines 19 à 21, les abattages de vaches étaient proches du bas niveau de 2021 (+1% /2021). Mais d’après AMI, alors que l’offre limitée ne permettait pas de répondre à la demande lors des quatre premiers mois de 2022, les faibles disponibilités en réformes ont rencontré pendant plusieurs semaines une faible demande des abattoirs en raison d’une consommation ralentie, mais aussi d’un surplus ponctuel de JB.

Ainsi, la cotation de la vache O a perdu plus de 52 centimes en un mois, pour tomber à 4,53 €/kgéc en semaine 22 (+40% /2021 et +79% /2020). D’après AMI, dans ce contexte d’offre qui devrait restée globalement contrainte, la situation de marché pourrait s’équilibrer dans le courant du mois de juin et les prix devraient se stabiliser.

POLOGNE : les cotations restent stables à un niveau élevé

En Pologne, la demande européenne en vaches de réforme reste forte pour fournir la transformation et la restauration rapide. Les cours sont soutenus et restent globalement stables depuis plusieurs semaines, à un niveau record pour le pays. En semaine 22, la cotation de la vache O atteignait 4,58 €/kg de carcasse (+61% /2021 et +93% /2020).

Reflet de la demande soutenue en femelles, les abattages de réformes polonaises ont progressé sur le 1er trimestre de 2022, avec 134 000 têtes abattues (+6% /2021 et 2020).

Face à une offre toujours limitée sur le marché communautaire, les abattages de vaches en Irlande sont restés très dynamiques. Sur les 22 premières semaines de l’année, ils ont bondi de +19% /2021 d’après l’indicateur hebdomadaire du Ministère de l’agriculture irlandais. Dans un contexte d’incertitude économique et de flambée du prix des intrants qui engendre parfois des besoins urgents de trésorerie, les éleveurs irlandais profitent des prix élevés de la viande pour réformer davantage, d’autant que le marché est porteur. Les opérateurs sont en effet toujours à l’achat pour fournir les marchés européens de la transformation et de la RHD.

Les abattages de « prime cattle » ont progressé eux aussi (+8% pour les génisses et +11% pour les bœufs) conformément aux prévisions réalisées en début d’année, ce qui permet aux abattoirs irlandais de répondre à la demande britannique.

D’après Bord Bia, le « resserrement global de l’offre conjugué à une forte demande d’animaux finis, ainsi que des conditions de marché solides en Europe et au Royaume-Uni » profitent aux cours. Et « la demande des consommateurs reste bonne dans l’ensemble, même si le circuit de vente au détail s’avère désormais plus affecté par la hausse des prix ».

Les cotations restent orientées à la hausse. En semaine 22, celle de la vache O atteignait 4,73 €/kg (+44% /2021 et +69% /2020) soit +52 centimes en un mois (+12%).

Signe du regain de la demande en Europe, les exportations irlandaises de viande bovine réfrigérée et congelée ont dépassé les 152 000 téc au 1er trimestre 2022 (+42% /2021 et +27% /2020). Elles ont été particulièrement dynamiques vers le Royaume-Uni (x2 /2021 à 86 000 téc), mais également dans une moindre mesure vers la France (+23% à 13 500 téc).

ROYAUME-UNI : les cotations toujours stables à haut niveau

Au Royaume-Uni, d’après l’indicateur d’AHDB, les abattages de gros bovins ont été à nouveau limités entre les semaines 19 et 21 et inférieurs aux années précédentes (-3% /2021 et -6% /2020). Le recul a été encore plus marqué pour les abattages de femelles (-11% /2021 et -6% /2020).

Les cotations des vaches de réforme demeurent à un niveau toujours élevé. En semaine 22, le cours de la vache O atteignait ainsi 3,80 £/kg de carcasse, soit 4,45 €/kg (+26% /2021 et +45% /2020).

Les cotations des animaux jeunes (« prime cattle ») restent également soutenues et ont récemment progressé en amont des cérémonies du jubilé de la Reine d’Angleterre. Le cours de la génisse R3 et du bœuf R3 s’établissait en semaine 22 à 4,47 £/kg de carcasse (soit 5,23 €/kgéc ; +8% /2021 et +27% /2020).

Les effectifs en ferme sont désormais un peu plus conséquents : 7,8 millions de bovins au 1er avril 2022 (+0,6 % ou +45 000 têtes /2021). Mais le nombre de femelles laitières et allaitantes de plus de deux ans n’atteignait que 3,2 millions de têtes (-1,2% ou -39 000 têtes) la baisse étant plus marquée pour les laitières (-1,6%) que pour les allaitantes (-0,8%). C’est le nombre plus élevé  de bovins jeunes (génisses, bœufs et taurillons âgés de 12 à 30 mois), à 1,6 million de têtes (+4% /2021) qui, d’après AHDB, permet d’envisager une hausse de la production britannique au second semestre.

En attendant, en mars 2022, les échanges britanniques de viande bovine ont poursuivi leur redressement post-Brexit. Les exportations (+46% /2021 à 12 600 tonnes) comme les importations (+23% à 21 700 tonnes) de viande bovine réfrigérée et congelée se sont redressées. Même constat en cumul sur le premier trimestre 2022 pour les exportations (+53% à 30 800 tonnes) et surtout pour les importations (+73% à 77 400 tonnes) principalement depuis l’Irlande (+60%) et plus modérément depuis les Pays-Bas, l’Allemagne, la France ou la Pologne.

Viandes bovines » Maigre »

Les exportations reculent toujours faute de disponibilités

Les prix des broutards ont poursuivi leur hausse, mais à un rythme ralenti, alors que les coûts de production flambent. Les naissances allaitantes sont en net recul, de même que les effectifs de broutards. Les mises en place étant stables en France, cela réduit d’autant le disponible pour l’export, entraînant un recul des expéditions de -12% depuis le début de l’année jusqu’à la semaine 20.

Les cotations des broutards progressent, mais plus doucement

En mai et juin, les prix des broutards français ont continué d’augmenter. Le Charolais U de 450 kg vif cotait 3,35 €/kg en semaine 23 (+36% /2021, soit +84 centimes et + 29% /2020). Le rythme d’augmentation a cependant connu une inflexion : de +4 centimes en 4 semaines alors que les charges des éleveurs ne cessent de progresser. Pendant ce temps en Italie, la cotation des JB s’est stabilisée depuis quelques semaines.

En catégorie plus légère, le prix du Charolais U de 350 kg a augmenté de +3 cts en 4 semaines, à 3,47 €/kg vif en semaine 23 (+31% /2021, soit +82 cts et +26% /2020). Le mâle limousin E de 350 kg était toujours à des niveaux bien supérieurs à 2021 (+22%, soit +62 cts) et 2020 (+21%) à 3,40 €/kg vif, progressant de +8 cts en 4 semaines. Le Croisé R de 300 kg vif se situait à 3,06 €/kg vif en semaine 23 (+26% /2021, soit +64 cts, et +20% /2020).

En femelles, le prix de la Limousine E de 270 kg a légèrement reculé, de -11 cts en 4 semaines, pour s’établir à 3,10 €/kg vif en semaine 23 (+10 % /2021, soit +28 cts et +13% /2020) se rapprochant du prix de la Charolaise U 270 kg, à 3,07 €/kg vif (+16% /2021, soit +42 cts et +21% /2020) qui progressait encore de quelques centimes ces dernières semaines.

Les naissances en net recul depuis le début de la campagne 2021-22

En avril, 356 000 veaux de mère allaitante sont nés, en très fort recul de -8,7 % /2021 (-34 000 têtes) et -12 % /2020 selon SPIE-BDNI.

En cumul depuis juillet 2021, 3 027 000 veaux sont nés, soit une baisse de -4,0% /campagne 2020-21, ou -126 000 têtes. Depuis plusieurs mois, le recul des naissances est supérieur à celle du cheptel allaitant (-3,0% /2021 au 1er mai avec 3 671 000 vaches allaitantes).

Des effectifs de broutards mâles en ferme toujours en recul

Dans le sillage de la baisse des naissances, les effectifs de veaux mâles en ferme se repliaient au 1er mai avec 980 000 mâles allaitants de 0 à 6 mois présents (-4% /2021 et -6% /2020). La baisse était moins marquée pour les mâles allaitants âgés de 6 à 12 mois avec 472 000 têtes (-3% /2021 et -3% /2020). Ce recul plus modéré des effectifs de 6-12 mois est confirmé par l’analyse des mouvements – dynamiques – des mâles allaitants vers les élevages engraisseurs français.

Les exports se sont repliés en avril faute d’effectifs

Avec les disponibilités en net recul chez les naisseurs et les mises en place soutenues chez les engraisseurs français, les exportations de bovins de 4-16 mois de type viande se sont contractées sur la période s14-s17 (avril) à 79 000 têtes (-15% /2021, -1% /2020 et -16% /2019) selon SPIE-BDNI.

En cumul sur les 20 premières semaines de l’année, 415 000 broutards mâles et femelles de type viande de 4-16 mois ont ainsi été expédiés à l’étranger (-12% /2021 et -4,6% /2020) dont 37% de femelles (= /2021).

Selon les Douanes, sur les 3 premiers mois de l’année, la France a expédié 230 000 broutards vers l’Italie (-2% /2021 ou -5 000 têtes ; -1% /2020).

Sur la période la plus récente, d’avril à mi-juin selon TRACES (s14 à s23) 173 000 bovins de tous âges ont été expédiés vers l’Italie (-5% /2021 soit -10 000 têtes et = /2020). Les envois vers l’Italie résistent donc mieux que vers l’ensemble des autres destinations, grâce à une demande plutôt dynamique.

Vers l’Espagne selon les Douanes, les exports de broutards ont reculé bien plus fortement. Les broutards légers de 160-300 kg sont restés davantage à l’engraissement en France depuis septembre 2020. Ainsi, seuls 22 000 broutards avaient été envoyés en Espagne entre janvier et mars 2022 (-38% /2021 soit -14 000 têtes et -43% /2020).

Toujours d’avril à mi-juin selon TRACES (s14 à s23), 72 000 bovins de tous âges (veaux, broutards…) ont été envoyés en Espagne (-18% /2021 et -1 % /2020). Pendant ce temps, les expéditions de veaux français s’érodaient de seulement -3% des semaines14 à 20 selon SPIE-BDNI, ce qui confirme le fort recul des envois de broutards. Les engraisseurs espagnols sont très inquiets de la hausse de leurs coûts de production, plus marquée qu’ailleurs avec des systèmes d’engraissement basés sur l’achat d’aliments, et désormais de la fermeture du marché algérien.

Malgré la pénurie, quelques opportunités vers les pays tiers

Selon les Douanes, 18 000 broutards avaient été exportés vers les pays tiers de janvier à mars 2022 (+3% /2021 et +36% /2020). 15 000 l’avaient été vers l’Algérie (+15% /2021 et +30% /2020), destination dynamique dans ses achats en début d’année après une suspension des imports d’octobre à décembre 2021. Cependant la fièvre aphteuse apparue fin mars en Algérie a d’abord entraîné un rallongement des quarantaines avant la suspension des nouvelles autorisations d’imports fin mai. Seules les entreprises algériennes détenant encore des licences d’imports peuvent acheter.

800 broutards de moins de 300 kg ont également été exportés fin mars vers l’Égypte, une première depuis la forte dévaluation de la monnaie en 2016. Plus récemment, des broutards seraient partis vers Israël, après plusieurs mois d’interruption.

La France a exporté 2 200 broutards vers la Tunisie de janvier à mars 2022, pour des abattages cet automne. Le pays reviendra sans doute aux achats après l’été, le tourisme redémarrant.

Le rythme des exports vers le pourtour méditerranéen risque de reculer cet été, comme depuis quelques années, du fait des épisodes de canicule qui se multiplient.

 

Viandes bovines » Veaux de boucherie »

Les prix ont entamé leur baisse saisonnière

Les cours des veaux de boucherie ont amorcé début mai leur baisse saisonnière, alors que les coûts alimentaires et de l’énergie restent très élevés. Dans ce contexte de flambée des prix des matières premières et après les perturbations de marché à cause des restrictions sanitaires, les intégrateurs réduisent les mises en place depuis plusieurs mois déjà et les abattages sont en recul. Aux Pays-Bas, le gouvernement a présenté le 10 juin son plan de réduction des émissions d’azote, qui impliquera une baisse globale très importante des cheptels d’ici 2030.

Les cours reculent

Après plusieurs mois en hausse, les cours des veaux de boucherie ont entamé leur baisse saisonnière début mai. La cotation du veau rosé clair O élevé en atelier a perdu 11 centimes en cinq semaines pour atteindre 6,59 €/kg éc en semaine 23. Les fortes chaleurs du mois de mai ont limité la consommation de veau. Les moindres disponibilités, en raison du recul des mises en place, ont toutefois permis de maintenir les prix à des niveaux bien supérieurs aux années précédentes (+22% /2021 et +45% /2020).

Le veau rosé clair R élevé en atelier a également été impacté par le recul saisonnier de la consommation de viande de veau : à 6,94 €/kg éc il a perdu -11 cts depuis la semaine 19. Plus haut de gamme que le veau O, il subit aussi les conséquences de l’inflation (l’indice des prix à la consommation du bœuf et du veau était en hausse de +8,5% /mai 2021 selon l’Insee), qui limite les achats de produits chers par les ménages. Alors que l’écart de prix entre le veau O et le veau R était de 75 cts en mai 2021, il était réduit à 34 cts en mai 2022.

Les veaux sous la mère ont été encore plus affectés par une baisse de la consommation en 2022. Le veau rosé clair U élevé au pis cotait 8,46 €/kg éc en moyenne au mois de mai, en recul de -3,3% /2021 alors même que les coûts de production des éleveurs sont en hausse, comme pour toute l’agriculture.

Les coûts de production restent élevés

L’IPAMPA des aliments d’allaitement pour veaux a gagné +7,4 points en un mois pour atteindre 165,5 points en avril (+38% /2021, +44% /2020), tandis que l’IPAMPA des autres aliments pour veaux s’établissait à 136,3 points (+23% /2021, +34% /2020). La poursuite de la hausse des coûts alimentaires pèse sur la rentabilité des entreprises d’intégration : l’augmentation des prix des veaux gras sur cette période (+15% /2021) a été insuffisante pour compenser celle des coûts.

Les cours français des ingrédients laitiers étaient toujours à des niveaux élevés en mai : 4 050 €/t en semaine 22 pour la poudre maigre (+55% /2021) et 1 250 €/t pour la poudre de lactosérum (+23% /2021). Le rétablissement de mesures de confinement très strictes dans plusieurs grandes villes chinoises a fait reculer la demande au printemps, les cours des poudres de lait se sont érodés entre s18 et s22 (-2% pour la poudre maigre, -10% pour la poudre de lactosérum). Mais le ralentissement de la production laitière chez les principaux pays exportateurs pourrait faire remonter les prix.

Quant aux éleveurs, ils sont fortement affectés par la hausse du prix du gaz. L’IPAMPA gaz a progressé de +33% en un an pour atteindre 151 points en avril.

L’offre est limitée

96 000 veaux ont été abattus en mai d’après les données Normabev, en repli de -5,5% par rapport au mois de mai 2021 qui comptait pourtant deux jours ouvrés de moins. En cumul sur 5 mois, les abattages de veaux se sont contractés de -5,2% /2021 (487 000 têtes). Après plusieurs années de crise et dans un contexte de forte hausse des coûts de production, les intégrateurs ont préféré limiter les mises en place. En tonnage, cela représente une baisse de -4,9% /2021 avec 72 000 téc.

A 149,5 kg en mai, le poids de carcasse moyen était en retrait de -1,4 kg sur un an du fait de la flambée des coûts de l’alimentation animale. Par ailleurs les moindres disponibilités ont permis une fluidité des sorties et l’âge moyen des veaux abattus sur les 5 premiers mois de l’année n’a pas progressé (186 jours).

Comme chaque année, Interbev a lancé une campagne de promotion de la viande de veau pour la Pentecôte. Mais les opérations de mise en avant, qui se sont tenues en GMS autour de la semaine 22, semblent s’être heurtées à l’inflation et à une météo peu propice aux achats des ménages.

Pays-Bas : le recul saisonnier des cours semble également amorcé

Après plusieurs semaines de stabilité à des niveaux record, la cotation du veau de boucherie pie-noir néerlandais a perdu -15 cts en cinq semaines. La demande de la RHD européenne est plus faible avec les beaux jours qui reviennent.

Les abattages de veaux néerlandais ont été dynamiques sur les trois premiers mois de l’année grâce à la réouverture de la RHD européenne après une année 2021 marquée par des confinements et des couvre-feux successifs : +4,2% /2021 avec 52 000 téc d’après Eurostat. Ils ont retrouvé leur niveau des trois premiers mois 2020, avant l’instauration du premier confinement.

Le 10 juin dernier, le gouvernement néerlandais a présenté son Programme National pour les Zones Rurales. Il y précise les modalités de l’obligation de réduction des émissions d’azote nationales d’ici 2030. Les quantités d’azote devront diminuer de -12% à -70% en fonction des zones, les réductions les plus fortes concernent les surfaces à proximité des zones Natura 2000. Chaque Province néerlandaise a désormais un an pour établir son plan d’action régional. Si tous les secteurs sont concernés par les mesures mises en place, les agriculteurs seront les premiers touchés : « Pour les agriculteurs, cela signifie que les émissions devront baisser de 40%. Cela signifie environ 30% de bétail en moins », a indiqué la télévision publique NOS. Les 31 milliards d’€ du plan seront essentiellement destinés à soutenir les agriculteurs qui devront changer leurs pratiques voire arrêter leur activité.

Viandes bovines » Veaux nourrissons »

Les prix stagnent

Malgré le creux des naissances laitières, les prix des veaux nourrissons n’ont que peu progressé en mai. Dans un contexte de hausse des coûts de l’alimentation animale, les intégrateurs cherchent à limiter le prix d’achat des veaux laitiers. La demande espagnole se maintient encore pour le moment, mais la hausse des coûts de production inquiète les engraisseurs de la péninsule ibérique.

Les cours plafonnent

Malgré le regain saisonnier des achats de veaux laitiers par les intégrateurs, en prévision des sorties de novembre, et le creux saisonnier des naissances, la cotation du veau mâle type lait de 45-50 kg a peu augmenté. Elle n’a progressé que de +2 € en cinq semaines pour atteindre 92 €/tête en semaine 23, rejoignant ainsi son niveau 2021 (+1 €) alors qu’elle était bien supérieure ces dernières semaines (+30 € en semaine 19). Les mises en place de veaux laitiers sont en recul structurel et la demande est moins active qu’il y a quelques années. En outre, les intégrateurs essayent de maîtriser le prix d’achat des veaux nourrissons pour limiter leurs coûts dans un contexte de flambée des prix des matières premières.

Le cours du veau mâle de type viande (mixtes, viandes et croisés lait-viande) a également fléchi ces dernières semaines. A 235 €/tête il est repassé sous son niveau de 2019 (-3%), mais reste supérieur de +7% /2021.

Toujours plus de veaux croisés

224 000 veaux sont nés de mère laitière en avril, en recul de -3,7% par rapport aux naissances dynamiques d’avril 2021, mais en hausse de +7,5% /2020. En cumul depuis juillet, les naissances laitières ont reculé de -1,6% (-44 000 têtes), conséquence de la décapitalisation (-1,4% /2021 de vaches laitières au 1er mai).

Si les naissances des veaux mâles laitiers purs (lait et croisés lait-lait) ont reculé de -3% /2021 entre juillet et avril 2022, les naissances de veaux croisés lait-viande (mâles et femelles) ont progressé de +5%. Les éleveurs laitiers continuent de développer le croisement pour essayer de mieux valoriser leurs veaux.

Les exportations se maintenaient, malgré des incertitudes sur les mises en place en Espagne

Les exportations de veaux laitiers ont été dynamiques depuis le début de l’année : 132 000 têtes en cumul de s1 à s20, en hausse de +8% /2021 et +13% /2020.

Mais ces envois sont majoritairement orientés vers le marché espagnol (plus de 90% des effectifs), où la hausse du prix de l’alimentation du bétail, l’inflation qui pèse sur le pouvoir d’achat des ménages et la fermeture du marché algérien inquiètent les engraisseurs.

La cotation espagnole du veau frison de moins d’un mois s’est stabilisée ces deux dernières semaines à 130 €/tête (+23% /2021 et +42% /2020).