Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 334 Décembre 2021 Mise en ligne le 14/12/2021

Viande ovine

Les fêtes de fin d’année dopent la demande

Les cours mondiaux augmentent vivement à l’approche des fêtes de fin d’année : la demande croît alors que l’approvisionnement peine à être au rendez-vous chez la plupart des grands exportateurs. L’Espagne fait figure d’exception avec une production et des envois de viande ovine particulièrement dynamiques cette année.

Les cours espagnols rejoignent les cours français, en tête du classement mondial.

Viande ovine » France »

Les cours augmentent à l’approche de Noël

Alors que la demande se redresse progressivement, l’offre reste modeste en France : les importations poursuivent leur tendance à la baisse tandis que la production française ne retrouve pas ses bons niveaux du 1er trimestre. La cotation de l’agneau français entrée abattoir atteint donc un niveau exceptionnel, à près de 8 €/kg de carcasse à quelques semaines de Noël.

La cotation française poursuit son escalade

A 7,97 €/kg en semaine 48 (se terminant le 5 décembre), la cotation française a poursuivi une hausse saisonnière très prononcée. Elle a surpassé de +0,77 € son niveau de 2020 et de +1,35 € celui de 2019. A l’approche des fêtes de fin d’année, les abattages s’atténuent tandis que la demande augmente, ce qui soutient les cours. Le recul des importations de viande ovine persiste et accentue d’autant le phénomène.

Les cours sont historiquement élevés, mais la flambée des prix des intrants continue d’impacter les coûts de production. En octobre 2021, l’IPAMPA ovin viande atteignait 117,3 points (+12,5 points /2020).

Fort recul des sorties des élevages français en octobre

En octobre 2021, la production abattue était de 5 300 téc, en baisse de -1% /2020.

Les effectifs d’agneaux abattus ont chuté de -3%, tandis que les réformes étaient dynamiques (+5%). Les carcasses des agneaux comme des réformes se sont légèrement alourdies (+1% / 2020), avec des poids moyens atteignant respectivement 18,6 et 27,4 kg au mois d’octobre.

Le dynamisme des importations d’agneaux vivants, multipliées par deux, a quasiment contrebalancé la forte baisse de sorties des élevages français (-9%/ oct.2020).

Sur les 10 premiers mois de 2021, les abattages d’ovins ont atteint 71 100 téc, en hausse de +2,3% /2020 et +1,6%/ 2019.

Les importations de viande ovine sont toujours basses

En octobre, les importations de viande ovine destinées au marché français ont poursuivi leur repli (- 8% /2020, à 6 400 téc). Quelle que soit leur provenance, les achats étaient en recul : -1% du Royaume-Uni, -3% d’Espagne, -12% d’Irlande et -25% de Nouvelle-Zélande.

Sur 10 mois, les importations de viande ovine sont toujours en retrait, de -4% /2020 et -14% /2019, à 64 600 téc.

Les faibles volumes de viande importée font grimper leur prix d’achat, ce qui amplifie le phénomène.

Sur 10 mois, la consommation calculée par bilan, estimée à 129 000 téc, accuse une légère baisse d’une année sur l’autre, de -2%, mais une chute de -7% /2019. Le niveau du disponible français en viande ovine, historiquement aussi faible, demeure donc préoccupant.

Viande ovine » UE et monde »

Disponibilités limitées et flux contraints

Les disponibilités sont toujours faibles au sein de l’UE à 27, avec des abattages stables mais des importations en net recul de janvier à août. En Nouvelle-Zélande, les envois se rétablissent vers l’UE-27, malgré un prix du fret encore dissuasif : la demande s’envole à l’approche de Noël. Les pays membres et le Royaume-Uni sont de nouveau autorisés à exporter aux USA : une aubaine pour l’Irlande et son voisin britannique, tous deux prêts à assiéger ce marché florissant.

Royaume-Uni : le disponible reste à de bas niveaux

La cotation britannique s’est nettement redressée en novembre, atteignant 6,0 £/kg en semaine 47, soit+ 1,38 £ /2020 et +1,79 £ /2019. Bien que cette hausse des prix soit saisonnière, elle s’est fortement accentuée en novembre, conjointement à l’évolution du cours en France, 1er client du Royaume-Uni à l’export.

Le pic d’abattages du 2nd semestre est peu marqué cette année, du fait de sorties particulièrement basses, si bien que les effectifs abattus étaient toujours en repli au mois d’octobre (-10% / 2020, à 25 000 téc). Sur la même tendance que depuis le début d’année, les abattages d’agneaux ont régressé (-11%), tout comme ceux des réformes (-16%).

Sur 10 mois, les volumes abattus ont reculé de -11%. Les importations de viande ovine, elles aussi en baisse (-14% sur 9 mois, à 43 300 téc), n’ont pas permis de rétablir l’offre britannique. Le recul a été particulièrement marqué en provenance d’Irlande et de Nouvelle-Zélande, selon HMRC.

Face à une offre en berne mais des prix mondiaux très élevés, les exportations ont chuté de -24% en volume, à 50 300 téc, et de seulement -6% en valeur. Les plus fortes baisses ont été enregistrées vers l’Irlande (-5 000 téc), l’Allemagne (-2 900 téc) et l’Italie (-2 400 téc).

Début décembre, les autorités américaines ont supprimé l’interdiction des importations d’agneau en provenance du Royaume-Uni et d’autres pays où la tremblante avait été identifiée, qui avait été introduite il y a plus de 20 ans. AHDB estime qu’environ 7% des exportations britanniques pourraient éventuellement être destinées aux États-Unis dès 2022 : un marché très attractif axé sur des découpes de grande valeur.

Irlande : hausse des envois en valeur mais baisse en volume

La cotation de l’agneau irlandais a poursuivi sa hausse saisonnière en semaine 47, à des niveaux toujours très élevés : 7,15 €/kg, soit +1,65 €/kg /2020 et +2,10 € /2019 !

Celle-ci reflète la ferme demande des transformateurs à l’approche des fêtes de fin d’année, face à des approvisionnements modestes, pour le marché intérieur comme pour l’export.

La réduction de près de moitié de l’écart de prix entre l’agneau néozélandais et irlandais, de 84 à 37 cents entre octobre 2020 et 2021, a renforcé la compétitivité de l’irlandais sur le marché mondial.

Malgré cela, les faibles disponibilités contiennent les exportations. En octobre, la production d’agneau a baissé de -8% /2020, à 4 700 téc. Sur 10 mois, elle a reculé de -7%. Les abattages de réformes étaient quant à eux stables d’une année sur l’autre.

Les exportations sont logiquement contenues. Elles ont reculé en septembre, de -6% /2020, à 5 400 téc, dont -44% vers le Royaume-Uni et -1% vers la France. Sur 9 mois, elles se sont accrues de +5% en valeur, à 270 millions d’euros, alors même que les volumes exportés ont baissé (-14% /2020, à 39 700 téc).

Cette baisse des volumes est principalement due à des approvisionnements restreints en Hoggets en début d’année ainsi qu’à la baisse du nombre d’agneaux nord-irlandais importés (-12% /2020 et -6% comparé à 2019, à 187 000 agneaux). La 1ère semaine de décembre, on enregistrait le flux le plus bas depuis début juillet : l’approvisionnement y est aussi restreint et les transformateurs nord-irlandais préfèrent garder leurs agneaux pour abattre localement.

Espagne : flambée des prix de l’agneau

Poussée par une offre solide face à un marché mondial particulièrement tendu, la cotation espagnole ne cesse de croître. A 7,84 €/kg en semaine 47 elle a presque rejoint (à un centime près) la cotation française ! Soit un gain de +33% d’une année sur l’autre. Dans les boucheries espagnoles, le prix de l’agneau a bondi de +50% à 24 €/kg en moyenne.

L’offre a atteint son creux saisonnier, ce qui engendre mécaniquement une hausse des cours. Toutefois, cette année, les abattages sont plus élevés (+6% sur 9 mois /2020) et c’est la forte demande à l’export qui accentue cette traditionnelle montée des prix. La demande des Espagnols serait en effet similaire à celle des années précédentes, en agneau comme pour d’autres viandes.

En cumul sur 9 mois, les exportations de viande ovine ont bondi de +31% /2020 et 2019. Elles sont particulièrement dynamiques sur le marché français. A l’inverse, les envois d’ovins vifs espagnols ont reculé sur la même période, de -8% /2020.

Nouvelle-Zélande : des envois en hausse vers l’UE-27 pour les fêtes de fin d’année

Le prix de l’agneau néozélandais ne cesse de croître depuis le début d’année et atteint des niveaux particulièrement élevés, à l’image des cours mondiaux. La semaine du 5 déc. 2020, il valait en effet 4,09 €/kg, contre 4,72€/kg la semaine du 4 déc. 2021.

En octobre, la production a reculé de -12% /2020, à 31 600 téc. Sur 10 mois, la baisse est moins importante, de -3% /2020, du fait de la réduction du nombre d’agneaux abattus (-5%), que la hausse des réformes (+2%) n’a que partiellement contrebalancée.

Face à cette offre réduite, les exportations de viande ovine ont baissé de -1%/ oct. 2020, dont -14% vers le Royaume-Uni, +57% vers la France (forte demande pour Noël), -4% vers la Chine et +23% vers les USA. Le coût du fret maritime limiterait toujours les envois, mais la demande est particulièrement forte sur le continent européen, à deux mois des fêtes de fin d’année. Sur 10 mois, les exportations de viande ovine (364 000 téc) égalent leur niveau de 2020.

Depuis le début d’année, la Chine diminue progressivement ses importations de protéines animales, ayant reconstitué son cheptel porcin. Toutefois, avec le récent embargo chinois sur le bœuf brésilien, un nouveau déficit protéique pourrait bien être apparu…plus d’1/3 des importations chinoises de bœuf étant brésiliennes.