Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 304 Septembre 2019

Viande ovine

Le cours français remonte timidement

Impulsé par une consommation de viande ovine dynamique les deux premières semaines d’août ainsi qu’un retrait des importations de viande ovine en juillet, le cours de l’agneau français a repris une vingtaine de centimes de mi-août à mi-septembre. C’est tout de même un signal positif pour les éleveurs actuellement préoccupés par la sécheresse qui a touché plusieurs départements de France.

Viande ovine » France »

La cotation française se relève mais reste sous pression

Malgré un allègement ponctuel du marché, le cours de l’agneau français reste très sensible aux importations de viande ovine britannique, dont le prix est particulièrement bas, du fait de la forte dépréciation de la livre sterling.

Abattages stables en juillet

À respectivement 300 800 têtes et 53 200 têtes en juillet, les abattages français d’agneaux et d’ovins adultes ont été stables par rapport à l’année précédente. Le poids de carcasse moyen des agneaux a progressé de +1% (à 18,6 kg), tandis que celui des ovins adultes était stable, à 26,6 kg. Au total, la production française de viande ovine a progressé de +1% en juillet 2019 /2018, totalisant 7 000 téc.

En cumul de janvier à juillet  2019, la production française d’ovins (agneaux et réformes) a été stable par rapport à la même période de 2018. La production d’agneaux finis a été en légère hausse (+1%, soit  +20 700 têtes), tandis que l’engraissement d’ovins de réforme a reculé (-4% soit -14 500 têtes).

Les importations de viande ovine baissent en juillet et les prix à l’import ne remontent pas

Après un mois de juin en légère hausse (+7%), les importations françaises de viande ovine ont baissé de -12% en juillet, à 6 800 téc. Les achats ont diminué en provenance du Royaume-Uni (- 9%), d’Irlande (-8%), de Nouvelle-Zélande (-37%) et d’Espagne (-16%). De janvier à juillet, les importations françaises de viande ovine ont toutefois été en légère hausse par rapport à la même période en 2018 (+1%).

En juillet, les prix moyens des carcasses d’agneaux réfrigérées importées d’Irlande et du Royaume-Uni sont restés en deçà de leurs niveaux de 2018 (-4% /2018 à 5,15 €/kg équivalent carcasse pour l’Irlande ; -8% à 4,63 €/kg éc pour le Royaume-Uni), maintenant la pression sur le cours français. La livre sterling n’a cessé de perdre de la valeur, notamment face à l’euro, depuis mars 2019, ce qui explique en majeur partie cette chute du prix de l’agneau britannique.

Le cours de l’agneau français se redresse à partir de mi-août

Les festivités estivales et l’Aïd-El-Kébir, qui a eu lieu du 11 au 15 août cette année, auraient provoqué un léger regain de consommation les deux premières semaines d’août. Combinées à des importations de viande ovine en retrait,  elles auraient permis la hausse des cours de l’agneau à partir de la deuxième moitié d’août. Cette accalmie des importations, qui pourrait se poursuivre en septembre en raison de la faible dynamique néozélandaise et des moindres stocks au Royaume-Uni (leur saison de production commençant fin septembre/début octobre), est une aubaine pour le cours français de l’agneau. A 6,13 €/kg en semaine 36, la cotation de l’agneau français publiée par FranceAgriMer a gagné une vingtaine de centimes en l’espace de cinq semaines.

Un deuxième départ d’agneaux vifs vers Israël en juin

Plus de 9 000 agneaux français ont été exportés vers Israël en juin 2019, c’est le deuxième envoi vers Israël depuis le début d’année, le certificat pour les envois d’animaux vivants vers Israël ne datant que de janvier 2019. Il s’agît d’agneaux issus du bassin laitier, et nés de brebis laitières désaisonnées (on est en dehors des agneaux issus du pic d’agnelages de fin d’année, typique du bassin Roquefort). Les envois devraient reprendre fin 2019 et pourraient s’intensifier, selon les experts. Ces envois exceptionnels vers Israël ont boosté les exportations d’agneaux en juin (+200% /2018). A l’inverse, elles ont été très faibles en juillet (-38% /2018).

 

 

 

Viande ovine » UE et monde »

Le marché britannique sous tension à l’approche du Brexit

Le cours de l’agneau britannique reste sous pression, mais la demande des acheteurs étrangers de viande ovine reste très soutenue (Irlande, France, Chine depuis peu) à l’approche du Brexit et limite sa baisse.

ROYAUME-UNI : Les cours de l’agneau britannique sont inférieurs aux niveaux des années précédentes mais tiennent bon

Depuis le début de l’année, le cours de l’agneau britannique est en moyenne inférieur de 0,60 €/kg à celui de 2018 sur la même période (semaines 1 à 35). En semaine 35, la cotation des agneaux lourds britanniques s’établissait à 3,92 £/kg (soit 4,29 €/kg en monnaie européenne). La production de viande ovine au sein du Royaume-Uni était en hausse de 9% de janvier à juillet 2019, par rapport à l’année précédente. En juillet, elle était enregistrée à 25 200 téc, soit une hausse de +10% /2018.

Cours de l'agneau britannique qui demeurent bas

Les cours bas des agneaux inquiètent fortement les éleveurs britanniques, dans un contexte où les importateurs européens refusent de signer des contrats à long terme avec eux, de peur d’un Brexit sans accord qui les contraindrait à payer des taxes douanières après la date fatidique du 31 octobre 2019 (dont le report a une fois de plus été voté par le Parlement britannique puisqu’au 12 septembre 2019, aucun accord n’a toujours été trouvé). Les négociants européens continuent toutefois d’acheter de l’agneau britannique, au vu de son prix actuellement très bas, mais n’offrent pas de visibilité à long terme.

Malgré la tourmente du Brexit et l’insécurité que cela peut provoquer, la Chine importe de la viande ovine britannique de façon croissante depuis le début de l’année jusqu’à juin, ce qui participe avec les achats français et irlandais notamment, à éviter un effondrement des cours de l’agneau britannique dans cette période extrêmement complexe. En effet, le Royamue-Uni a envoyé quelques téc vers la Chine sur janvier, février, mars, avril puis 25 téc en mai, 67 téc en juin, pour retomber à 2 téc en juillet 2019. Ce sont de faibles volumes comparés aux envois vers la France ou l’Irlande, mais qui attestent d’un attrait pour la viande ovine britannique.

IRLANDE : les cours rejoignent leurs niveaux de 2018

En dernière semaine d’août (semaine 35), la cotation de l’agneau lourd irlandais s’établissait à 4,75 €/kg, soit une baisse de cinq centimes par rapport à 2018 cette même semaine. Après une baisse saisonnière moins prononcée qu’en 2018, elle avait presque retrouvé, à 5 centimes près, son niveau de l’an dernier.

Les cours de l'agneau lourd irlandais rejoignent leur niveau de 2018

Contrairement à l’an passé, où la sécheresse avait limité leur finition, les agneaux prospèrent grâce l’herbe abondante et de bonne qualité en Irlande.

NOUVELLE-ZÉLANDE : La baisse de la production se poursuit, limitant le disponible à l’export

Les abattages d’agneaux étaient toujours ralentis en juillet (-11% /2018), à 785 000 têtes. Les abattages d’ovins adultes étaient à l’inverse en hausse (+6%). En cumul sur les 7 premiers mois de 2019, la production néozélandaise de viande ovine avait reculé de -7% par rapport à la même période de 2018.Sur la même période, les exportations néozélandaises de viande ovine ont enregistré un repli de -5% /2018 (-19% vers l’UE-28 ; +15% vers la Chine).

La baisse des envois néozélandais de viande ovine vers l'UE se poursuit